Voulant vraisemblablement réduire la dépendance énergétique de l'Union européenne vis-à-vis de la Russie, les cinq pays signataires, Autriche, Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Turquie, sont passés à l'action pour ne plus revivre le cauchemar de l'hiver dernier, imposé à tort ou à raison par les Russes. Entrant en service en 2014, ce gazoduc devrait transporter pas moins de 31 millions de mètres cubes de gaz par an. La signature de ce contrat a été célébrée en bonne et due forme. Et les déclarations félicitant ce nouveau projet fusent de partout, ce qui n'est guère du goût de Moscou. Présent à cette rencontre, le président de la Commission européenne José-Manuel Barroso a souligné depuis Ankara «l'intérêt stratégique commun de l'Europe et de la Turquie». «La sécurité énergétique est l'un des domaines où l'UE et la Turquie ont un intérêt stratégique commun dans une coopération renforcée, dans le contexte de la volonté ferme de l'Europe de diversifier ses approvisionnements et du rôle clé de la Turquie dans ce contexte», a ajouté la même source, reprise par les agences de presse. Même son de cloche chez le commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs. Ce dernier a, en effet, indiqué que ce gazoduc «renforce les liens entre la Turquie et l'Europe. Il n'améliore pas seulement le climat politique, mais il crée aussi un lien physique entre nous. Sur le long terme, avec son développement, la Turquie va accroître sa présence et son importance politiques». Toutefois, au-delà de ces effets d'annonce, la réussite d'un tel projet telle que désirée et souhaitée par les parties contractantes s'annonce d'ores et déjà de la fiction. En effet, le gazoduc Nabucco, dont le coût est estimé à près de 8 milliards d'euros, sera concurrencé par plusieurs gazoducs dans la région. «L'interconnecteur Turquie-Grèce-Italie», plus modeste, pourrait se révéler moins coûteux à mettre en œuvre. Surtout, le South Stream, poussé par la Russie et qui doit entrer en fonction en 2015, transportera du gaz sous la mer Noire, vers la Bulgarie, l'Italie et l'Autriche. La Russie, principale perdante dans cette affaire, n'est pas restée les bras croisés. Elle a signé un accord avec l'Azerbaïdjan pour l'achat de gaz de cette ancienne république soviétique dès 2010 le… 13 juillet dernier, soit le même jour que la signature du contrat du gazoduc Nabucco. Et le message est très clair. Car l'accord entre ces deux pays (La Russie et l'Azerbaïdjan), pourrait, pour un bon nombre d'observateurs de la scène énergétique mondiale, faire de l'ombre au gazoduc Nabucco. Ledit contrat prévoit l'achat de gaz de cette ancienne république soviétique dès 2010 par les Russes. Afin de bien marquer le point du côté médiatique, le document a été signé par le patron de Gazprom, Alexeï Miller, et le président de la Compagnie nationale azerbaïdjanaise de pétrole et de gaz Socar, Rovnag Abdoullaïev, en présence des présidents russe, Dmitri Medvedev, et azerbaïdjanais, Ilham Aliev. S. B.