Les prestations de services dans certaines cliniques privées ne sont pas pour rassurer les clients. Des patients y subissent des interventions chirurgicales et se retrouvent avec des complications, des femmes y accouchent et se retrouvent avec des infections… et des bébés affrontent la mort quelques heures seulement après leur naissance. Selon un confrère, il y a seulement quelques jours, un bébé est né dans une clinique privée à Alger mais est décédé à l'hôpital Mustapha après son évacuation dans un état critique. Les médecins de la clinique n'ont pas su faire face au mal dont souffrait l'enfant –peut-être qu'ils n'avaient pas les moyens matériels nécessaires ni les compétences- et ceux de l'hôpital Mustapha sont intervenus trop tard. Sauver le bébé n'était pas chose facile… d'autant que c'est dans une ambulance sous-équipée qu'il a été transféré. Voilà qui conforte les dires de nombreux employés des structures hospitalières publiques qui critiquent sévèrement les cliniques privées pour leur «laisser-aller», leur «insouciance», leur «incompétence» et… leur «fuite des responsabilités». Des mots et des accusations qui reviennent sur les lèvres des personnels médical et paramédical, appelés à «réparer les dégâts». «Quand il y a des complications, c'est à l'hôpital qu'ils envoient les malades !» disent souvent ces hommes et ces femmes qui ne peuvent refuser d'intervenir dans des cas d'urgence pour la simple raison qu'il s'agit de sauver des vies humaines. Une femme, la soixantaine, a subi une intervention chirurgicale au niveau d'un rein. Un rein nécrosé -sans donner le moindre signe de détérioration puisque la femme ne s'en est jamais plainte- qu'il fallait donc ablater. L'intervention a eu lieu dans une clinique privée pour un montant qui dépasse les 400 000 DA. Une biopsie s'en est suivie mais rien d'inquiétant dans les résultats obtenus. La femme avait pourtant une tumeur et c'était cette tumeur qui était à l'origine de la nécrose du rein. Ce genre de situation n'est pas nouveau dans les cliniques privées algériennes, depuis leur mise en activité. Ce qui est différent, c'est que les choses se dégradent chaque jour davantage, y compris pour les petits soins qui, pourtant, portent un coup dur au porte-monnaie. Des cliniques privées semblent ainsi s'aligner sur des établissements publics très souvent décriés par des populations de différentes wilayas du pays. Les problèmes sont les mêmes : manque d'hygiène, manque d'entretien, manque de matériels, manque de suivi et… fuite des responsabilités, comme nous venons de le dire. Cela en dépit de tout l'argent qu'on débourse pour y accéder. Une seule nuit d'hospitalisation coûte ce qu'elle coûte… quitte à s'endetter. Les responsables qui se sont succédé à la tête du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière persistent à dire que ces cliniques offrent leurs services en complémentarité avec ceux des structures publiques, étant donné que ces dernières sont constamment débordées. Selon le ministère, un contrôle permanent et régulier est assuré par des inspecteurs spécialisés pour veiller à la bonne qualité des soins. Ce contrôle semble être peu efficace, inefficace… pour ne pas dire carrément inexistant. Les services du département de Saïd Barkat doivent se pencher sérieusement sur le fonctionnement de ces établissements privés, jeter un regard sur les prestations de services mais aussi sur les sommes d'argent déboursées par les clients. Un argent qui n'est déclaré qu'à moitié, peut-être même moins. Un meilleur contrôle des cliniques privées, à Alger comme partout ailleurs dans l'Algérie profonde, est nécessaire. Il est même indispensable. K. M.