Bon nombre de cliniques privées se retrouvent aujourd'hui engagées dans une course pour la richesse. Oran souffre-t-elle de carence en matière de couverture sanitaire? Oui, pensent bon nombre d'habitants qui estiment que le déficit pourrait être résorbé quand le nouvel hôpital (1er-Novembre) atteindrait sa vitesse de croisière en matière de prestations. Cette nouvelle structure hospitalière, équipée de moyens high-tech rendra d'innombrables services à une population estimée à plus de 2 millions d'habitants (1.213.839 habitants selon le dernier recensement de la population en 1998). A ce chiffre s'ajouteront les malades des autres wilayas de l'ouest du pays, aujourd'hui pris en charge par le Chuo et ses structures annexes. Si la couverture sanitaire actuelle de la capitale de l'Ouest bat de l'aile aujourd'hui, c'est dû à une mauvaise distribution des moyens et des structures qui existent. En 1967, l'Algérie comptait un médecin pour 8150 habitants, ce ratio est passé aujourd'hui à 1 médecin pour 960 habitants (statistiques 2001). Ce chiffre place notre pays en bonne position dans le classement des pays à bonne couverture sanitaire. Mais cela pourrait être mieux à l'avenir puisque les statisticiens évoquent une moyenne d'une polyclinique pour 60.000 habitants. Cette moyenne est largement dépassée à Oran et pour assurer une bonne couverture, la ville devra disposer de 22 polycliniques et de 3 hôpitaux. A l'horizon 2010, El Bahia aura 23 polycliniques et 195 centres de santé en plus d'une multitude de petites unités de soins en milieu rural. Cet effort que compte assurer la tutelle pourrait être suffisant en matière d'infrastructures et de moyens. Restera alors le problème de la gestion qui pourrait être le talon d'Achille de la politique prônée par les pouvoirs publics. L'université forme aujourd'hui des médecins qui ne trouvent pas preneurs et les écoles paramédicales produisent chaque année de nombreux diplômés dans les spécialités médicales ou de gestion. L'horizon 2010 pourrait constituer, pour cette pléthore de personnel, une bouée de sauvetage puisqu'il permettra de résorber le surplus qui pose problème actuellement. La capitale de l'Ouest, actuellement en pleine phase d'extension et de densification urbanistique, aura besoin d'un support pour assurer la meilleure couverture sanitaire possible, un apport que pourrait apporter le secteur privé. Actuellement, ils sont plus de 2 500 médecins praticiens installés à titre privé à Oran. Ce chiffre, où se confondent toutes les spécialités, est en deçà des minima fixés par l'OMS et qui sont de 1 médecin par 2300 habitants. Là aussi, l'avenir pourrait apporter une nette amélioration puisque les conditions d'ouverture de cabinets médicaux pourraient être allégées pour offrir des opportunités d'emploi aux jeunes diplômés chômeurs. Toutefois, le secteur privé ne joue pas un rôle important dans la couverture médicale de la wilaya. Bon nombre de cliniques privées se retrouvent, aujourd'hui, engagées dans une course pour la richesse, plutôt que le bien-être du malade. Les avatars vécus par bon nombre de patients, qui ont eu le malheur d'atterrir dans des cliniques privées, sont nombreux et parfois douloureux. Ces cliniques, qui poussent à Oran comme des champignons, ne respectent pas, pour bon nombre d'entre elles, le cahier des charges. Elles sont devenues de simples structures tout juste bonnes à rendre une prestation médicale sans plus. De plus, certaines, en l'absence d'un contrôle rigoureux, ont poussé au point qu'elles se retrouvent aujourd'hui engagées dans une véritable guerre pour gagner le plus de patients. La réglementation qui fixe des normes (implantation géographique, densité de la population, etc.) est foulée aux pieds. Bon nombre de citoyens n'hésitent pas à «tiquer» quand, arrivés au niveau du rond-point de l'Usto, ils se retrouvent encerclés de cliniques. Ces dernières, espacées de moins de 100 mètres l'une de l'autre, activent aujourd'hui sans restriction aucune. Même les prestations fournies par les cliniques privées devraient faire l'objet d'un contrôle strict de la part de l'autorité de tutelle. Certains établissements n'hésitent pas à prescrire des traitements inappropriés parfois, pour ne pas perdre un client. Un citoyen, dont l'épouse souffrait d'une gastralgie, s'est vue dans l'obligation de faire subir à sa femme une intervention pour une appendicite facturée à plus de 25.000 DA. Les maux d'estomac de son épouse n'ont pas disparu pour autant. A Oran, les moyens humains et matériels existent, mais ils sont mal utilisés. Une rationalisation des infrastructures et des moyens permettra à la santé dans la wilaya de gagner en matière de qualité. Le nouvel établissement hospitalier, construit à Oran, est un véritable joyau, et pour lui permettre de jouer pleinement son rôle, il faudra placer à sa tête des hommes capables de gérer au mieux la politique sanitaire définie par les pouvoirs publics.