Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili Il n'y a plus de fringance dans l'action du wali de Constantine. Toutes les promesses, pour ne pas dire les engagements, qu'il a prises les jours qui ont suivi son installation, une installation elle-même suivie d'une série de déplacements dans les douze communes, de rencontres avec les représentants de la société civile, les journalistes, de visites inopinées sur les chantiers, de séances de travail tambour battant avec les opérateurs économiques, les assemblées élues, ont fondu comme neige au soleil. Le Constantinois lambda, désabusé, dira laconiquement : «Dkhal fi saff» (il est rentré dans le rang). C'est effectivement le constat implacable qui peut être fait. L'observatoire de l'emploi, après des rencontres tenues à cor et à cri, des menaces de représailles proférées par A. Boudiaf, le wali, contre ceux qui contrariaient son action, en fait l'action du gouvernement, elle-même inscrite dans celle du président de la République, devait permettre aux jeunes, notamment les diplômés, d'avoir de meilleures opportunités de trouver un poste de travail, sinon de lancer, dans le cadre des mécanismes sociaux (ANSEJ, ANGEM), leurs propres projets, l'éclairage public de la ville, l'aménagement des entrées et sorties au chef-lieu de wilaya, l'amélioration des conditions de vie dans les cités-dortoirs, un transport public à la hauteur des attentes des citoyens et plus particulièrement ceux «jetés» à la périphérie de la ville, l'accès au logement et le relogement dans des conditions équitables pour tous les bénéficiaires potentiels, l'éradication de l'habitat précaire, un réseau performant de distribution de l'eau potable. Exception faite de la renaissance d'une entreprise publique de transport (ETC), de l'entrée en activité du téléphérique, les Constantinois n'ont rien vu venir. Pis, le cadre de vie s'est même plus gravement dégradé en raison du lancement de nombreux projets qui n'ont jamais… démarré ou l'ont été avec bien du retard (cas du tramway, du viaduc, de l'aménagement de Bardo) ou, avec la réhabilitation définitive du réseau AEP, de celui d'assainissement, des nombreux cratères qui parsèment chaque jour les cités et rarement comblés une fois les travaux terminés. De guerre lasse, associations et comités de quartier, qui avaient initialement apporté inconditionnellement leur soutien au wali, ont littéralement changé leur fusil d'épaule pour dénoncer depuis quelques mois l'inertie de l'administration, la politique du surplace des communes en raison, paradoxalement, de leur soumission à l'exécutif au lieu que ce soit l'inverse. Preuve en est, une sortie médiatique des représentants d'une partie du mouvement associatif sous l'égide du coordinateur a été à l'origine d'une déclaration de guerre en règle du wali à leur endroit, ce qui a conduit le chef de l'exécutif à ester en justice le coordinateur. Une affaire dans laquelle le wali a été purement et simplement débouté. Les représentants de comités de quartier ayant tout ordinairement fait état de la grave détérioration du cadre de vie des cités qu'ils représentent. Ainsi, actuellement, la quasi-totalité du parc de logements OPGI est dans un état des plus inquiétants d'autant que l'absence de civisme, est-il nécessaire de le souligner, des locataires n'aide en rien à l'amélioration des conditions de vie. Toutefois, tout cela n'empêche en rien la démission des services techniques de l'entreprise évoquée dont les responsables, en réponse à cette volontaire démission, ne se foulent pas non plus la rate en exigeant des milliers de locataires récalcitrants de payer leur loyer. Jusqu'à une date récente, l'ardoise s'élevait à plus de 140 milliards de centimes. L'ensemble de l'exécutif vit aujourd'hui sur le clinquant que peut lui conférer la conduite des projets sectoriels entrant dans le cadre du programme présidentiel. Cela donne néanmoins l'impression que Constantine, promue d'autorité par ce même exécutif et seulement sur le papier en qualité de grande métropole, est un grand chantier. En fait, chacun entretient ses illusions comme il peut mais en attendant les populations sont loin de prendre les vessies pour des lanternes.