Photo : Sahel Par Faouzia Ababsa La conférence de presse animée hier par la secrétaire générale du Parti des travailleurs en son siège à El Harrach a été une occasion pour revenir sur les dispositions de la loi de finances pour l'année 2010. Une loi de finances qui n'a pas suscité l'intérêt de la presse, selon Mme Hanoune et à juste titre. «La presse a écrit qu'elle allait passer comme une lettre à la poste et elle a eu raison. Elle a jugé que rien n'a changé par rapport aux précédentes puisque la majorité rejette tout ce qui ne vient pas du gouvernement ou de la commission.» Selon la porte-parole du PT, les députés n'ont émis aucun amendement ni proposé des dispositions sur le volet social à même d'alléger le fardeau sur la population. Ils ont en revanche rejeté tous les amendements proposés par son groupe parlementaire au nombre de 51, les 4 autres ont subi «la censure du bureau de l'APN, alors qu'ils répondaient aux critères de forme et de fond». Ce qui, selon elle, confirme la nature et le caractère de cette assemblée qui, dira-t-elle, n'a pas saisi l'occasion de l'examen du budget de l'Etat pour se réhabiliter. La conférencière n'a d'ailleurs pas exclu que ces mêmes députés applaudissent à une mesure que pourrait prendre le gouvernement par voie réglementaire et qu'ils ont rejetée dans un projet de loi. Comme cela a été le cas pour l'interdiction d'importation de médicaments dont les équivalents sont fabriqués en Algérie. «C'est un amendement que le PT a introduit et que la majorité avait rejeté. Cette même majorité qui a applaudi à la décision lorsque le gouvernement l'a prise en recourant à la voie réglementaire.» Il s'est trouvé par contre un député qui a introduit un amendement à sa mesure relatif à la baisse de 50% de l'IRG et de l'IBS pour des importateurs dans le domaine agricole pour uniquement trois wilayas du pays. Un amendement qui a malheureusement été adopté par la majorité. C'est là que Mme Hanoune refait de nouveau le lien entre les affaires et la politique qui ne font pas bon ménage. Mme Hanoune est longuement revenue sur la loi de finances complémentaire et les réactions qu'elle a suscitées de la part des étrangers et même des nationaux. Lesquels ont fini par se rétracter. Des investisseurs de Marseille sont venus en Algérie pour dire que finalement ils étaient convaincus par les mesures prises. Sur ce même registre, elle dira, en réponse à une question, que le changement de position du Medef trouve son origine dans le fait qu'il n'avait pas le choix. «Les Français ont compris que même avec ces mesures et les garde-fous, il y avait une brèche qu'ils pouvaient encore exploiter pour réaliser des profits.» L'oratrice est également revenue sur le NIF (numéro d'identification fiscale), dont elle louera les mérites en ce sens qu'il permet la traçabilité et plus de transparence. C'est d'ailleurs grâce à son instauration que 10 000 importateurs ont disparu de leur propre gré, «pour que l'on ne découvre pas qui se cache derrière, parce qu'ils n'utilisent que des prête-noms». Elle ira plus loin en affirmant qu'en sus du NIF, le gouvernement devrait soumettre les importateurs à un cahier de charges précis. Pour Louisa Hanoune, la nouvelle orientation économique ne saurait s'encombrer des institutions élues actuelles. Elles sont en totale contradiction. D'où la nécessité de véritables réformes politiques. Sur le plan purement politique et concernant les sénatoriales, Mme Hanoune a informé les journalistes que la direction de son parti a rencontré par deux fois celle du RND dirigée par Ahmed Ouyahia aux fins de discuter d'un éventuel accord sur les candidats que le PT pourrait soutenir, lui ne prenant pas part aux élections du Conseil de la nation. «Nous avons été très clairs : il n'est pas question que nous soutenions un candidat homme d'affaires, aussi intègre et honnête soit-il, ou encore un autre qui aurait acheté des voix ou des consciences». Et d'ajouter : «Nous n'avons signé pour le moment aucun accord, le RND devait nous informer de la liste de ses candidats et nous avons demandé à nos militants dans les différentes wilayas de rester vigilants quant aux candidats que le Rassemblement national démocratique présenterait.» Pour ce qui est du FLN, elle dira que celui-ci a contacté tardivement le PT, en raison notamment du déplacement de Abdelaziz Belkhadem aux Lieux saints de l'islam. D'ailleurs, Louisa Hanoune devait le rencontrer hier au courant de l'après-midi. La présidente du groupe parlementaire du PT ne terminera pas sa conférence de presse sans lancer une sorte d'appel aux pouvoirs publics pour qu'ils prennent en considération la main qui leur a été tendue par les millions de jeunes qui sont sortis dans la rue le 18 novembre pour fêter la qualification de l'équipe nationale au Mondial 2010. «Le football ne peut être le baume qui guérit les blessures. Il y a encore des blessures à panser. Il faut donc capitaliser à travers des mesures en faveur des jeunes.»