L'armée israélienne a tué, durant son agression de décembre et janvier derniers contre la bande de Ghaza, onze civils palestiniens alors qu'ils agitaient le drapeau blanc, a affirmé l'organisation Human Rights Watch. Ce rapport constitue le sixième de l'organisation des droits de l'Homme accablant l'Etat hébreu. Dans quatre rapports précédents, l'ONG avait reproché à Israël d'avoir sciemment violé les règles du droit international qui obligent un belligérant à «distinguer entre cibles civiles et militaires». Mais force est de dire que nous vivons dans un monde où le droit est à géométrie variable. L'Etat d'Israël peut s'adonner allégrement à des crimes de guerre sans risquer de se faire tancer, encore moins craindre des sanctions. Il est illusoire de croire à des répercussions d'un rapport dénonçant l'attitude d'Israël. Les médias occidentaux préfèrent charger d'autres pays comme l'Iran, le Soudan ou la Birmanie. C'est devenu une lapalissade, Israël est un Etat au-dessus du droit international. On imagine, d'un autre côté, les conséquences pour un pays arabe ou musulman qui aurait été coupable du même acte. Les exemples à travers le monde ne manquent pas. L'Iran est actuellement au centre d'une campagne politico-médiatique d'une rare violence depuis l'élection présidentielle. Le Soudan est régulièrement stigmatisé. Il est vrai que les autorités de Khartoum, au nom d'un conservatisme désuet, offrent sur un plateau les arguments pour se faire battre. Le dernier en date, celui de la journaliste Loubna Ahmed Al Hussein qui vient d'être interdite de sortie du territoire, est le comble de l'indignité. Les rapports accablant Israël peuvent se suivre allégrement. Il n'y aura point de condamnation de la part du «monde libre» visant un Etat qui colonise dans l'impunité. Critiquer la politique de l'Etat d'Israël pourrait valoir les plus sérieux ennuis à son auteur dans des pays, pourtant, aux traditions démocratiques. La suprême accusation, celle d'antisémitisme, est suspendue comme une épée de Damoclès au-dessus des récalcitrants. Incontestablement, l'agression contre Ghaza a été une honte indélébile pour le monde entier. Des armes interdites ont été utilisées contre une population civile désarmée. Les rapports accablants des ONG, après coup, ne changeront pas les choses sur le terrain. Des terres sont spoliées quasi quotidiennement par l'occupant israélien sans que cette ignominie suscite la désapprobation des médias dominants, lesquels sont occupés à entretenir dans leur opinion publique la représentation la plus archaïque possible des musulmans. M. B.