La Colombie a conclu un accord avec les Etats-Unis autorisant aux Américains à utiliser sept bases militaires colombiennes pour lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme. Cet accord, qui doit être examiné par les instances gouvernementales des deux pays, «réaffirme l'engagement des deux parties à lutter contre le trafic de drogue et le terrorisme», précise un communiqué du ministère colombien des Affaires étrangères, publié vendredi dernier. Il permettra aux avions américains de repérer les bateaux utilisés par les trafiquants dans le Pacifique, précise le texte. Selon le général James Cartwright, vice-président du comité de l'état-major interarmes américain, les Etats-Unis sont «soucieux» de rassurer les puissances régionales au sujet de cet accord, plusieurs dirigeants latino-américains ayant manifesté leur «inquiétude». Le président vénézuélien a même estimé que «le vent de la guerre» s'était levé. «Nous devons améliorer notre travail de communication et expliquer que ce que nous faisons est aussi transparent que possible parce que les inquiétudes, quelles qu'elles soient, sont légitimes», a précisé le général américain. Précisons que Washington s'est tourné vers son allié colombien pour compenser la perte de sa principale plate-forme de lutte contre le trafic des stupéfiants dans la région, la base de Manta en Equateur, le président équatorien, Rafael Correa, ayant refusé de renouveler l'accord qui avait permis aux Etats-Unis d'utiliser cette base pendant les dix dernières années. L'accord, annoncé le 15 juillet dernier, rapportera 40 millions de dollars à la Colombie. Mais pas seulement. Le président colombien Alvaro Uribe a assuré vendredi dernier que cet accord vise à «défaire le terrorisme» et constitue «une garantie de sécurité pour les nations voisines». En effet, les narcotrafiquants colombiens, durant ces dernières décennies, ont su supporter les actions de répression de l'Etat et s'adapter aux avatars du marché international, ainsi qu'aux différentes stratégies anti-drogue déployées par les Etats-Unis dans la région. Dans la même logique, les protagonistes de ce trafic ont conclu des alliances, formé des coalitions, provoqué des guerres avec des acteurs concurrents, voisins ou non, dans une lutte pour le contrôle de cette industrie florissante. L'histoire du trafic de drogue en Colombie continue son cours : la détection constante de trafiquants dans les aéroports et des chargements démontrent que le commerce se poursuit. Pas plus tard que vendredi dernier, la police colombienne a annoncé une saisie record de près de 170 000 pastilles d'amphétamines, dont la valeur est estimée à 1,6 million d'euros, dans un véhicule circulant dans le nord-est du pays. Le précédent record en la matière datait de 2002, lorsque les forces de l'ordre avaient découvert une cargaison de 118 000 pastilles à Cali, troisième ville du pays. Dans un rapport, rendu public fin juin, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) s'inquiétait d'une hausse possible de la production et de la consommation de drogues synthétiques -entre autres, ecstasy- dans les pays en voie de développement. H.Y.