Photo : Zoheïr Par Samir Azzoug Les piétons algérois ont récupéré, l'espace d'une journée, leur bitume chéri. Adeptes de la marche au beau milieu de la chaussée, au grand dam des automobilistes, les habitants de la capitale ont eu le plaisir de flâner à pied, à vélo, en rollers ou carrément à trottinette au beau milieu des grandes artères d'Alger, sans être rabroués par les conducteurs de véhicules. «A ma connaissance, c'est la première fois en Afrique qu'une journée sans voiture est organisée dans une capitale», se réjouit un représentant de l'organisation humanitaire SOS Kinderdorf International, une association qui, à travers SOS village d'enfants, a participé à la manifestation en distribuant des Tee-shirts et placé des bennes à ordures un peu partout sur les trottoirs pour sensibiliser les gens au tri sélectif. Notre interlocuteur voit en cette manifestation «une journée citoyenne et une opération pédagogique qui aide à former particulièrement les enfants à l'environnement». La capitale sans voiture, manifestation organisée hier à l'initiative de la radio El Bahdja avec la collaboration du ministère de l'Environnement et de la wilaya d'Alger, a vu la participation de trois communes : Sidi M'hamed, Alger centre et la Casbah. «Le but de l'opération est de sensibiliser le citoyen et lui inculquer la culture de l'environnement», explique un présentateur de la radio présent au niveau de la Grande Poste d'Alger. En déambulant à travers les artères fermées à la circulation automobile, de la place du Sacré Cœur à la place des Martyrs, plusieurs associations et organismes ont dressé des stands rivalisant d'idées pour attirer les foules. Des spectacles musicaux, des clowns et des activités pour les enfants sont tenus çà et là. Au niveau de la Grande Poste, les policiers ont improvisé un parcours pour petites voiturettes à pédale pour sensibiliser les enfants aux dangers de la route. Plus loin, à l'entrée de la faculté d'Alger, Net Com et Hurbal ont pris place. Hendel Liliane, la chargée de communication d'Hurbal, une institution spécialisée dans la dératisation et la lutte contre les animaux errants, se dit toutefois, attristée par le comportement de certains citoyens qui «sont venus nous insulter. Ces derniers nous reprochent, à leur sens, de ne pas assez travailler. Mais ils oublient que seuls, on ne peut pas tout faire, s'ils ne s'impliquent pas eux-mêmes». Dans les ruelles périphériques, les automobilistes fulminent. Empêchés de passer par les agents de police et les barrières installées pour l'occasion, les conducteurs sont partagés entre ceux qui ne savaient pas et ceux qui en avaient entendu parler mais n'y ont pas cru. Cela dit, fermer la capitale à la circulation automobile est une idée judicieuse et appréciable pour réduire les effets de la pollution. Mais, avant, il fallait bien médiatiser l'événement, garantir le transport pour les habitants et faire en sorte que le citoyen adhère pleinement et volontairement à la manifestation. Malgré ces quelques fausses notes, l'initiative est louable et gagnerait à être organisée régulièrement, en attendant les journées du civisme, de la tolérance et du respect.