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«Le meilleur moyen de déplacement à Alger»
Le deux-roues, une solution aux embouteillages dans les grandes villes
Publié dans La Tribune le 06 - 03 - 2010


Photo : S. Zoheïr
Par Samir Azzoug
Les jours de semaine, il faut parfois plus d'une heure et demie pour faire une vingtaine de kilomètres afin d'accéder au centre-ville d'Alger. Le nombre impressionnant de véhicules qui entrent et sortent certains jours est impressionnant. La wilaya compte près de 1,4 million de véhicules. Chaque jour, plus de 300 000 y arrivent des autres wilayas, dont 1 200 camions. Selon les chiffres du ministère des Transports, entre 7 et 8 h, quelque 5 millions de personnes se déplacent sur les routes de la capitale pour un réseau estimé à moins de 2 250 km.
Il faut donc se lever tôt pour rejoindre le lieu de son travail. Devant la déficience du transport public, un semblant de solution est offert par les deux-roues. Motocyclette, grosse cylindrée ou scooter, les jeunes adoptent de plus en plus ce mode de déplacement. «Depuis que j'ai acquis mon petit ‘'tyou'' [un cyclomoteur appelé dans le langage de la rue tuyau, pour la forme des tubes qui le constituent], j'arrive à temps à mes rendez-vous», se réjouit Hamid, jeune employé dans l'administration publique. «Plus de souci d'embouteillages. Je me faufile avec aisance entre les voitures. Ça contraste avec les jours où je suis obligé de prendre ma voiture», poursuit-il. Sophiane, un autre jeune adepte des deux-roues, passe la journée à sillonner les rues d'Alger à bord de son scooter biplace. «Je l'ai acheté à 40 000 DA. C'est vrai qu'il tombe en ruine, mais la sensation d'être dessus et la rapidité avec laquelle je peux me déplacer sont de purs plaisirs. Actuellement, c'est le meilleur moyen de déplacement à Alger», témoigne-t-il.
Tout le monde ne partage pas cet avis. «Elli yechri moto, yechri moutou» (celui qui achète une moto, achète sa mort), dit aami Omar. Chevronné du deux-roues, le sexagénaire refuse d'autoriser son fils à acheter un scooter. «De nos jours, la route est dangereuse.
Les automobilistes conduisent comme des fous. Ils ne font pas attention à toi quand tu es sur un deux-roues. Un accident de moto ne pardonne pas. Au bout, c'est le handicap ou la mort», assure-t-il.
Il est vrai qu'en l'absence de voies réservées à ce genre de transport, les risques encourus sont importants.
Malgré cela, les adeptes du déplacement à califourchon se font de plus en plus nombreux. C'est un marché qui représente environ
3 000 unités par an. «D'abord, je ne suis pas obligé d'avoir un permis [pour certaines petites cylindrées], donc je ne risque pas le retrait. Ensuite, je ne perds pas mon temps dans les embouteillages. Je ne me ruine en carburant. Et, enfin, je ne tourne pas pendant des heures à la recherche d'une place de stationnement», atteste un autre usager.
Sur ce dernier point, il y a polémique. «Pour le stationnement, il est vrai que le problème de place ne se pose pas. Mais il reste celui de la sécurité. Une moto est facile à déplacer et donc à voler. Comme n'importe quel automobiliste, je suis obligé de payer un gardien de parking pour la garder», témoigne Sophiane.
Les utilisateurs de ce moyen de locomotion (réservé à la gent masculine) soulèvent plusieurs problèmes. Pour les deux-roues qui nécessitent un permis de conduire, «toutes les auto-écoles n'offrent pas ce genre de prestations. Quand elles le font, c'est au candidat de se débrouiller pour apporter la machine. Ce n'est pas logique», peste Rachid qui veut découvrir les sensations que procure un guidon.
L'autre dénonciation, plus dramatique, a trait au contrat d'assurance. «Les agences d'assurances refusent de nous prendre en charge. Dès qu'il s'agit du deux-roues, les assureurs rechignent à se mouiller. J'ai fait plusieurs boîtes et je n'arrive toujours pas à en trouver. Pourtant, lorsque j'ai acheté la moto, le concessionnaire m'a offert un contrat d'assurance d'une année. Actuellement, j'ai tout le mal du monde à me réassurer», dénonce Aziz. L'autre grief concerne les contrôles routiers. «On est harcelé par les agents de la circulation. A chaque point de contrôle, je suis arrêté», déclare-t-il. Il est vrai que ce mode de transport est dénoncé par les citoyens. «En plus des nuisances sonores, des petits voyous utilisent ces scooters pour le vol à la sauvette», assure aami Omar. Finalement, les deux-roues sont susceptibles de régler pas mal de problèmes liés aux embouteillages, d'autant que les prix affichés sont abordables (entre une dizaine de milliers et des millions de dinars). Il reste juste à baliser la pratique.


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