Photo : Zoheir Par Smaïl Boughazi Si le train, le tramway et le transport routier sont en passe de devenir des moyens de transport grand public pour lesquels le gouvernement avait également mis les gros moyens, le transport aérien, lui, reste encore un luxe pour une bonne partie de nos concitoyens. La faible rentabilité de certains aéroports du pays le confirme. Et pour illustrer encore cette faible rentabilité, rappelons qu'il y a quelques mois deux aéroports, qui répondent aux normes sécuritaires et techniques internationales, ont été fermés. Des structures qui attendent le public Il s'agit des aéroports de Ghris, dans la wilaya de Mascara, et de Ahmed Medghri, dans la wilaya de Laghouat. Pour expliquer cette fermeture, les responsables avaient justifié la décision par leur faible rentabilité économique. Il est vrai que prendre un avion reste excessivement cher pour les bourses moyennes ; toutefois, la réalisation de telles infrastructures coûte aussi des sommes faramineuses au budget de l'Etat. En fait, depuis quelques années, l'Algérie a engagé des sommes considérables dans la mise à niveau de ces infrastructures de base. Tout un programme a été lancé il y a quelques années. Il comprend, outre la réhabilitation de certaines pistes d'atterrissage, la réalisation de 11 aérogares. Il s'agit des aéroports de Constantine, Annaba, In Amenas et In Salah, dont certains ont été déjà réceptionnés. Parmi les infrastructures réalisées ou en cours de finalisation, trois projets relatifs à la navigation aérienne, un centre régional de contrôle aérien à Tamanrasset, la réalisation de tours de contrôle au niveau des grands aéroports, ainsi que la réalisation d'un réseau de radars couvrant l'ensemble de l'espace aérien national. Citons, entre autres, les grandes opérations réalisées dans le secteur, la réhabilitation de l'aéroport de Tlemcen pour un montant de 800 000 000 DA et celui de Béjaïa pour 600 000 000 DA. En somme, de nombreuses structures, notamment celles de Tébessa, d'Oran, de Béjaïa, de Annaba, de Tlemcen, d'Adrar, d'In Amenas, de Ouargla, de Béchar et de Timimoun ont bénéficié d'une mise à niveau. Donc, l'infrastructure existe et elle est conforme aux normes requises; cependant, certaines destinations sont toujours désertées par les clients. On affirme, en fait, que seules quelques destinations sont rentables, à l'exemple d'Alger, Hassi Messaoud, Hassi Rmel, Béjaïa et Tlemcen. Pour les responsables de l'EGSA, l'Entreprise de gestion des structures aéroportuaires, la tendance internationale tourne autour de la promotion des investissements dans ces établissements aéroportuaires, à la fois pour assurer leur autonomie financière et pour baisser les taxes. Et c'est dans cette optique qu'un plan a été élaboré. Il vise à porter le taux de croissance de ces structures à 6% à l'horizon 2025 et comporte plusieurs actions de mise à niveau. Pour le gouvernement cette situation ne devrait pas perdurer. Dans son plan d'action, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a fait état d'une stratégie qui vise à moderniser toutes les structures concernées. Il veillera notamment à la poursuite de l'extension et de la maintenance des aéroports et aérogares, dont 15 opérations seront achevées en 2009. En parallèle, le dispositif de sécurité de l'aviation civile sera consolidé avec la modernisation de la couverture radar du trafic dans l'ensemble du sud du pays après la finalisation du réseau couvrant le nord du pays. Le renforcement en cours de la flotte nationale de transport aérien permettra d'améliorer également les dessertes sur le réseau interne, notamment au Sud du pays et dans les Hauts Plateaux, de renforcer le réseau international et les parts de marché et de développer l'offre pour le transport du fret. Taxis aériens : la solution ? Outre cette stratégie globale, il est utile de rappeler que le ciel algérien est déjà ouvert aux taxis aériens privés, un système très réputé à travers le monde, notamment aux Etats-Unis, le Canada et les pays européens. Et deux compagnies assurent ce genre de transports dans le sud du pays, notamment la Star-Aviation et Air Express. Au niveau national, Tassili Airlines (TAL), filiale de Sonatrach, est désormais la compagnie concurrente d'Air Algérie. TAL, qui a lancé récemment des appels d'offres pour l'acquisition de nouveaux avions, compte assurer le transport public et desservir, particulièrement, les villes qui le sont mal actuellement, affirmait Chakib Khelil. Il reste à dire que ces taxis ne sont pas destinés au transport des voyageurs. Selon les responsables du secteur «ils sont destinés à assurer le transport sur une courte distance et selon des besoins bien précis. Ceci, en fait, limite la portée de cette décision. Car, en l'absence d'une politique des prix bien étudiée l'affluence restera toujours faible et ces aéroports ne pourront pas se prendre en charge. En fait, si le transport routier et maritime se sont taillé la part du lion c'est parce que le transport aérien, qui reste pour le moment le plus sûr et le plus rapide, est cher. C'est le facteur numéro un qui revient tel un leitmotiv. L'Algérie, qui déteint 17 aéroports, dont 12 sont internationaux, a investi énormément dans l'infrastructure de base. Ce qui reste maintenant, affirme-t-on, c'est une modernisation et un renouvellement de la flotte de la compagnie nationale ainsi qu'une tarification des vols sur les lignes intérieures qui devrait être étudiée selon les régions. Inutile d'interroger les économistes pour connaître les atouts d'un réseau domestiques performant et développé. Tous les secteurs économiques en dépendent. À commencer par le tourisme qui fait ses premiers pas dans le Sahara et attire maintenant un nombre considérable de touristes.