Les opérateurs économiques victimes du terrorisme reviennent à la charge. Ils revendiquent leur droit à une réparation morale et matérielle des pertes causées par des actes terroristes survenus durant la décennie noire. Les investisseurs interpellent les plus hautes autorités de l'Etat et en appellent au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour un traitement satisfaisant du problème, qui perdure depuis plusieurs années. Ils ne savent plus à quel saint se vouer. Plusieurs fois, ils ont saisi par courrier et par voie de presse les pouvoirs publics mais en vain. L'Organisation nationale des victimes du terrorisme et ayants droit (ONVTAD) les aide dans leurs démarches mais toujours sans résultat. Les cris de détresse ne trouvent pas un écho favorable. C'est bien le contraire qui se produit. Les banques réclament leur argent et menacent de poursuivre en justice les mauvais payeurs. Mme Halaïmia Fatima est l'une de ces victimes qui réclament indemnisation. Elle a perdu son hôtel restaurant classé 2 étoiles en 1996 mais n'a obtenu aucune réparation, encore moins une quelconque aide de l'Etat, pour la reconstruction de l'hôtel et l'achat des équipements nécessaires. Mme Halaïmia rappelle que des instructions ont été données pour «procéder au recouvrement par la liquidation judiciaire des investissements» détruits par le terrorisme. Une décision qu'elle qualifie d'injuste à l'égard de ces opérateurs qui ont tout perdu. Et de regretter que «ces investisseurs victimes du terrorisme soient assimilés aux escrocs et aux mauvais payeurs», alors qu'ils n'ont pas de quoi rembourser leurs dettes. Dans une lettre adressée à l'ancien chef de gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, les opérateurs victimes du terrorisme ont dénoncé «le refus caractérisé de la reconnaissance des droits de réparation des victimes du terrorisme pour les préjudices subis sans aucun égard aux lourds sacrifices consentis…». Ils crient leur colère contre «la marginalisation» et «l'exclusion», jugeant anormal que ces investisseurs qui ont perdu tous leurs biens se retrouvent non indemnisés, sans activité ni ressources financières. Les victimes appellent à la promulgation du décret d'application d'indemnisation des dégâts matériels, gelé depuis 15 ans. Tout comme ils relancent leur appel pour la promulgation urgente des décrets complémentaires de la Charte pour la réconciliation nationale en leur faveur. K. M.