Cruel dilemme que celui auquel sont confrontés les malades chroniques chaque année à la même période. Observer le jeûne ou non ? Il est souvent difficile de convaincre les personnes atteintes de maladies chroniques que leur état de santé ne leur permet pas de faire carême. Certains ne s'y résignent qu'à contrecœur sur un conseil médical, alors que beaucoup de malades outrepassent l'interdiction de jeûner. Pourtant, les risques sont réels et les conséquences sont connues chez les individus souffrant de pathologies chroniques, notamment les asthmatiques, les insuffisants cardiaques et les hypertendus. Ce sont toutefois les diabétiques qui sont les plus exposés aux complications, vu les chamboulements de leur traitement et de leurs habitudes diététiques. La prise de médicaments se fait le soir, se réduisant à deux fois, à des heures qui ne correspondent nullement aux prescriptions médicales, ce qui se répercute de manière négative sur les malades. Le risque d'hyperglycémie ou d'hypoglycémie est élevé, ce qui peut provoquer une insuffisance rénale, des complications oculaires ou neurologiques. Des personnes saines peuvent, elles aussi, mettre leur santé en péril à cause de comportements irréfléchis, en s'adonnant à des excès qu'elles ne peuvent ingérer sans problèmes. Des comportements gargantuesques qui mettent leurs auteurs dans des situations insoutenables et les conduisent directement aux urgences. C'est seulement là qu'ils font leur mea culpa quant à leurs attitudes contraires à toute logique. Des tables surchargées chaque soir de nourriture et de friandises, c'est ainsi que beaucoup de jeûneurs conçoivent ce mois, au risque de ruiner leur budget et leur santé. Les marchés sont pris d'assaut dès le matin, les bras se chargent de sachets, tout ce qui se vend est à prendre. Les yeux sont plus gros que le ventre et la devise est de ne s'astreindre à aucun état d'âme ou à aucune contrainte. On amoncelle les victuailles en privilégiant plus la quantité que la qualité, les sucreries sont ingurgitées tout au long de la soirée. Autant dire que les pires folies sont commises en matière d'alimentation, au moment où l'esprit du jeûne doit être à la piété, au partage, à la solidarité avec les démunis. Nombreux sont ceux qui font fi de ces aspects et qui nuisent à leur santé, ne pensant qu'à cette boulimie qui s'empare d'eux pendant le mois de Ramadhan. R. M.