Comme pour Adam et Eve dans le jardin d'Eden, les malades chroniques vont se retrouver durant le mois de Ramadhan face à un affreux dilemme. Jeûner ou non va relever pratiquement de la question existentielle pour des individus qui, même en réalité non concernés par l'épreuve spartiate mensuelle, vont s'évertuer et comme par hasard à se trouver une opportunité de faire des entailles dans un contrat qu'ils sont tenus toutefois, à leurs risques et périls, de respecter scrupuleusement. Et toujours comme pour le fruit défendu dans le jardin d'Eden, la tentation sera plus forte que la raison, chacun essayant de se convaincre qu'il ne fera que goûter pour faire passer l'envie… sauf que cela en sera ainsi pour le premier, le deuxième… au dernier jour. Mais faudrait-il pour autant ne culpabiliser que le malade quand même les spécialistes invités par la radio et la télévision en tenant la canne par le milieu pratiquent un raisonnement à géométrie variable à cheval entre la science et la religion, n'hésitant pas ainsi à l'unanimité d'affirmer que jeûner a des avantages pour les personnes dont la santé vacille, pour ne pas dire les grands malades. La où les médecins traitants sont pourtant catégoriques à l'endroit de leurs patients auxquels ils enjoignent de ne pas pratiquer le jeûne notamment pour ceux qui sont sujets à des prises régulières de médicaments et qui ne sauraient souffrir d'un agencement au petit bonheur la chance, à l'humeur ou plus crûment parce qu'exigé pour des raisons religieuses mal interprétées par des maîtres bigots. Dans l'absolu, les textes religieux n'ont jamais «extrémisé» de telles situations, faisant en sorte que les exégètes puissent disposer des voies à même de les adapter aux personnes concernées par une ou des solutions substitutives auxquelles, du moins pour tout croyant qui se respecte, on ne saurait déroger ou qu'on ne saurait refuser. Il suffirait tout juste que ceux qui ont la latitude de trancher cette question de dire sans louvoyer : «Quand c'est oui et quand c'est… non.» A. L.