C'est aujourd'hui que prendront fin les 12es Championnats du monde d'athlétisme qui ont débuté il y a huit jours. Succédant au stade Nagai d'Osaka, qui a abrité la 11e édition, il y a deux ans, le Stade olympique de Berlin a été le théâtre de compétitions de très haut niveau avec à la clé deux super-records et non des moindres. Ils ont été l'œuvre d'un certain Usain Bolt dans les 100 et 200 m. Les meilleurs athlètes du monde se sont donc retrouvés, un an après les jeux Olympiques de Pékin (Chine), pour offrir aux amoureux de ces sports un spectacle de très haute facture. Les Usain Bolt, Asafa Powell, Tyson Gay, Jeremy Wariner, Kenenisa Bekele ou bien Yelena Isinbayeva, Susanna Kallur et Tirunesh Dibaba ont bien tenu leurs promesses même si certains n'ont pas été chanceux à la ligne d'arrivée. En somme, ce sont quelque 2 101 athlètes venus de plus de 200 pays qui se sont affrontés dans plusieurs disciplines en vue d'obtenir des médailles ou, mieux, de battre des records. Certains ont confirmé leurs statuts, d'autres ont déçu, mais le plus important est que le spectateur a été bien servi. Evidemment, il est clair qu'on va parler de la participation algérienne, plus que décevante, au vu des résultats obtenus et même de la taille de la délégation. Quatre athlètes seulement, dont trois dans le 1 500 m, y ont pris part. Aucun d'eux n'est arrivé en finale, mais cela est un autre débat. Les Jamaïquains … les rois du sprint Pour en revenir à cette édition, il faut dire que le duel entre l'Américain Tyson Gay et le Jamaïcain Usain Bolt, dans les 100 et 200 m, était l'événement le plus attendu. Finalement, c'est Usain Bolt qui a remporté les deux courses en battant les deux records. L'Américain avait même décidé de se retirer du 200 m après son échec de battre le Jamaïcain dans le 100 m. La facilité avec laquelle Bolt avait battu le record du 100 m en réalisant 9 sec 58 (l'ancien record était de 9 sec 69) en a «déconcerté» plus d'un. Certains ont aussitôt évoqué le dopage, mais, après que des tests eurent été faits, le président du Comité international olympique, M. Jacques Rodge, a affirmé lui-même qu'aucun des sprinteurs du 100 m ne s'était dopé. Bolt est bel et bien un phénomène. Le Jamaïcain a forcément rendu ces 12es Championnats du monde d'athlétisme plus attractifs. La Jamaïque venait de confirmer son statut de pays qui, désormais, fabrique les meilleurs sprinteurs. D'ailleurs, certains analystes ont même indiqué que ce n'est nullement une surprise puisque ce pays arrivait, depuis longtemps, à former des champions, mais comme la Jamaïque était une nation très faible économiquement, ne pouvant assurer à ses athlètes des rentrées d'argent considérables, la majorité prenait la nationalité américaine. Depuis quelques années, les choses semblent avoir changé. Dans cette course du 100 m, c'est l'autre Jamaïquain, Asafa Powell, qui avait pris la troisième place avec 9 sec 84 derrière l'Américain Tyson Gay, deuxième, qui avait réalisé 9 sec 71, battant ainsi le record américain. Trois jours plus tard, Usain Bolt s'était également facilement imposé dans le 200 m. Chez les femmes, c'est la même domination. La Jamaïque a réalisé le doublé dans le 100 m avec Shelly-Ann (10 sec 73) Fraser et Kerron Stewart (10 sec 75). Championne olympique surprise à Pékin, S.-A. Fraser a jailli des blocks pour s'assurer deux mètres d'avance puis résister, de justesse (10.73 contre 10.75), à sa puissante compatriote. Un doublé qui a, ainsi, prolongé l'ivresse dans le camp jamaïcain après l'or et le record d'Usain Bolt. Avec son chrono, S.-A. Fraser, 22 ans, a réalisé la meilleure performance mondiale de la saison. Championne des Etats-Unis, Carmelita Jeter, troisième dans cette course avec 10 sec 90, a seulement empêché les sprinteuses au maillot jaune et vert de réussir un carton plein comme aux JO de Pékin, où S.-A. Fraser avait déjà devancé Stewart, Sherone Simpson complétant le triomphe. Et ce n'est pas terminé pour les Jamaïquaines. Brigitte Foster-Hylton a remporté la course du 100 m haies en réalisant 12 sec 51. Sa compatriote Delloreen Ennis-London (12 sec 55) avait pris la troisième place. La Jamaïque a également remporté une autre médaille (argent) dans le 400 m grâce à Shericka Williams, confirmant ainsi son statut de pays dominant dans les courses de vitesse. Et de quatre pour Bekele ! Le continent africain a également été au rendez-vous lors de cette édition berlinoise. Outre le Kenya, dont les athlètes ont pu s'affirmer, notamment, avec un doublé dans le 3 000 m steeple, avec les médailles d'or et d'argent de Ezekiel Kemboi et de Richard Mateelong, l'Ethiopien Kenenisa Bekele a créé la sensation en remportant, pour la quatrième fois consécutive en championnat du monde, la course du 10 000 m. En égalant le record et les quatre succès de son compatriote Hailé Gebreselassie, Bekele, 27 ans, a poursuivi la construction de son mausolée en or : la quatrième victoire aux Championnats du monde, qui vient s'ajouter aux trois titres olympiques et onze de cross-country. L'empereur a, ainsi, remis de l'ordre au sein de sa délégation, meurtrie par sa défaite hier au 10 000 dames, en l'absence de Tirunesh Dibaba. Pour rappel, chez les femmes, c'est la Kényane Linet Chepkwemoi Masai qui a remporté la course, suivie des deux Ethiopiennes Meselech Melkamu et Wude Ayalew, respectivement deuxième et troisième. Avec un temps de 26 min 46 sec 31/100, Bekele a réalisé la meilleure performance mondiale de la saison. Il est utile de signaler que Gebreselassie avait triomphé sur la piste dans les années 1993, 1995, 1997 et 1999. Le Kényan Charles Kamarhi avait assuré l'intérim en 2001 à Edmonton (Canada), où Gebreselassie, vieillissant, avait pris la 3e place. Les éditions qui ont suivi (2003, 2005, 2007 et 2009) ont toutes été remportées par Bekele. A noter que cette course du 10 000 m a été dominée par le continent africain puisque la deuxième place est revenue à Zersenay Tadese (Erythrie) et la troisième à Moses Ndiema Masai (Kenya). A. A. Dopage : deux cas contrôlés positifs La Nigériane Amaka Ogoebunam, spécialiste du tour de piste, a été contrôlée positive à un stéroïde anabolisant lors des Mondiaux 2009 d'athlétisme, a annoncé la Fédération internationale (IAAF) vendredi dernier à Berlin. Le contrôle, qui a révélé la présence de méténolone, a eu lieu mardi dernier à l'issue de sa demi-finale du 400 m haies. Dans cette course, A. Ogoebunam, 19 ans, avait été disqualifiée après avoir réalisé son record personnel (55.80) au 1er tour. Sur le 400 m plat, elle a abandonné en demi-finale. Selon l'IAAF, Ogoebunam, qui a également couru le 400 m plat, n'a pas souhaité faire appel. Il s'agit du deuxième cas de dopage révélé pendant ce rendez-vous après le contrôle du Marocain Jamal Chatbi, spécialiste du 3 000 m steeple. J. Chatbi, qui a renoncé à participer à la finale du 3 000 m steeple, a subi un contrôle antidopage positif au clenbuterol, un anabolisant, le samedi 15 août dernier, à la veille de son entrée en lice. La Sud-Africaine Semenya : un cas inédit La Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) a demandé à la Fédération sud-africaine de lui fournir des informations sur Caster Semenya, sacrée championne du monde du 800 m mercredi soir, suspectée d'être hermaphrodite et de présenter des attributs féminins et masculins. «Après ses sensationnels Championnats d'Afrique juniors où elle a amélioré ses temps sur 800 et 1 500 m, il y a eu des rumeurs et des spéculations sur elle», a expliqué Nick Davies, porte-parole de l'IAAF. «Nous avons contacté les gens de la Fédération sud-africaine pour savoir s'ils avaient des documents permettant d'établir son sexe. Ce sont ces documents qu'ils sont en train de recueillir, mais il faut savoir que c'est un processus complexe, qui prend du temps et coûte cher», a-t-il poursuivi. Selon M. Davies, la constitution de ce dossier qui comprend l'expertise d'experts, de psychologues et de gynécologues, prend plusieurs semaines. «Nous n'avons à l'heure actuelle aucun élément définitif ne l'autorisant pas à participer au 800 m», a insisté M. Davies. «Il serait totalement injuste de l'exclure. C'est un dossier sensible, une question de santé, cela concerne une personne qui n'a rien fait d'illégal, il faut être juste avec elle», a-t-il insisté. Agée de 18 ans, Semenya, dont la morphologie et l'apparence semblent très masculines, avait déjà fait sensation lors des Mondiaux juniors à Bambous (Maurice) fin juillet/début août en remportant le 800 m en 1:56.72 et le 1 500 m en 4:08.01.