De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Plusieurs dizaines de jeunes travailleurs de la commune d'Oran entament ce mois de Ramadhan dans la déshérence et le dénuement total. Sans aucune ressource, ils sillonnent les ruelles de la ville à la recherche d'une formule pour gagner leur croûte et assouvir les besoins de leur famille en ce mois de jeûne et de piété. Après les heures de travail, ils rejoignent leurs domiciles sans couffin et toujours sans ressources. Si certains que nous avons rencontrés en ville ont fini par trouver la parade, d'autres malheureux n'ont pas eu cette chance. «Ce que je fais est à la limite de la mendicité. Je fais le tour des voisins, des amis et des connaissances afin de gagner une journée de repas. Quand je termine le travail, c'est la première chose que j'ai en tête. Heureusement qu'il y a les repas de la charité et c'est très dur pour moi d'y aller. Je suis né à Oran et j'y ai grandi. Je connais tout le monde et tout le monde me connaît», soupire ce jeune communal affecté à la division de l'environnement. D'autres font le gardiennage des voitures ou tiennent des commerces de cigarettes à la sortie du service auquel ils ont été affectés. «Si je n'avais pas cette table, je n'aurais pas réussi à tenir le coup. Quelquefois, j'ai des recettes de 600 DA et quand je tiens la table toute la journée, je gagne entre 1 500 et 2 000 DA. De quoi assurer quelques jours de ‘‘hrira'' et de pain sur la table du Ramadhan», nous confie un jeune très astucieux et au visage souriant. Pourtant, tous ces jeunes travailleurs de la commune ont accompli plusieurs mois au sein des différents services communaux en tant qu'agents polyvalents contractuels. «Nous n'avons reçu aucun salaire depuis notre embauche. A chaque fois qu'on demande ce qui coince dans notre cas, on nous demande de patienter. Nous avons peur d'être chassés au profit d'autres. C'est la mesure dans certains services de la commune d'Oran», nous confie un jeune homme d'un certain niveau. Pour leur part, les responsables des recettes communales chargés du paiement de ces jeunes contractuels, la balle est dans le camp des responsables des services concernés. «C'est à eux d'effectuer la procédure d'usage et de nous envoyer les états de service de ces jeunes. Nous ne pouvons procéder au paiement anarchique de ces derniers. C'est à eux de respecter les procédures», note-t-on sous réserve d'anonymat. En attendant que les délégués et les directeurs de division se réveillent de leur sommeil, ces jeunes appréhendent ce mois de Ramadhan avec beaucoup d'inquiétudes et de désespoir.