Par essence mois de ferveur religieuse et de spiritualité, le Ramadhan se distingue assurément des autres mois de l'année. Durant tout le laps de temps que dure le jeûne, le croyant doit se hisser à un degré plus élevé. Il se doit de maîtriser ses instincts les plus profonds et ses pulsions les plus folles. Ne voulant pas être en reste de ce mois et dans le but de s'y impliquer pleinement, la télévision algérienne a concocté un programme prenant en ligne de compte les spécificités de ce mois. A la faveur de cette programmation, la télévision se veut, en quelque sorte, le prolongement de toute cette ferveur constatée dans les mosquées, notamment pendant la prière des tarawihs. Il y a lieu de signaler que l'écrasante majorité des émissions religieuses passent en cours de journée, entre quinze heures et la rupture du jeûne. Pour cette année, tout un chacun a noté le retour de l'émission «Foursen el Qorâan» (les chevaliers du Saint Coran) qui récompense le meilleur récitant du Saint Coran. Tout le monde a hâte de savoir qui succèdera au jeune Yacine de Tizi Ouzou, lequel avait, rappelons-le, remporté avec brio l'édition de l'année dernière. Pour ce Ramadhan, huit candidats se disputent la première place. Outre «foursen el Qoraân», et en guise d'innovation, la télévision algérienne diffuse une émission intitulée «Atfal el Koraane» (les enfants du Coran). Eu égard au fait que cette frange est très vulnérable, cette émission, d'une durée de quinze minutes, tend à initier les petits à la religion, loin de tout extrémisme ou fanatisme. La morale et la conduite à tenir chez soi et en société, sont mises en évidence. Outre cela, et partant du postulat selon lequel les talents sont détectés très tôt, cette émission s'intéresse aux jeunes enfants ayant des dons en matière de psalmodie du Saint Coran. Des enseignants expliquent la manière d'apprentissage du livre saint (individuelle ou collective) aux enfants. Une autre émission, en l'occurrence «Likoul aya rhaïa» (chaque verset a un sens) accapare l'intérêt des téléspectateurs. La présentatrice met en évidence le sens de versets coraniques. Des volets liés à la morale, à l'entraide et à l'organisation sociale sont ainsi mis en évidence. Lors de cette émission, tous les aspects pouvant intéresser de loin ou de près le croyant sont abordés. Pour les téléspectateurs, la télévision ne saurait être conçue pendant le mois de Ramadhan sans l'incontournable «Khatem Suleyman» (la bague de Salomon). Pour cette année, l'innovation consiste dans le fait que le concepteur de cette émission, Souleimane Bakhlili, a, en prévision du mois de Ramadhan durant lequel elle allait être diffusée, effectué des enregistrements dans plusieurs pays arabes (Tunisie, Libye, Syrie…). Comme tout un chacun le sait, le principe de cette émission consiste, pour celui qui aura donné la bonne réponse à une question donnée, à gagner une bague en or. Dans l'ensemble, les questions portent sur des thèmes mettant en évidence la civilisation arabo-musulmane et sa contribution dans l'essor de l'humanité. Une autre émission, non moins intéressante, a été programmée par les responsables de cette grille ramadhanesque. Il s'agit de «Oulamaa El Djazaïr» (savants d'Algérie) dont le but est de montrer aux téléspectateurs, particulièrement les plus jeunes d'entre eux, quelques figures emblématiques de personnes ayant servi leur nation et leur religion. Jusqu'à présent, on aura suivi avec beaucoup d'intérêt les numéros consacrés à des oulémas algériens tels Ben Chenab, El Bachir El Ibrahimi, Larbi Tebessi, Mouloud Kacem ou encore cheikh Ali Chentir. Ces hommes empreints de foi sincère et de nationalisme ont, de leur vivant, tout fait pour répandre la langue arabe, le rite sunnite, la morale et les grandes valeurs de l'islam de façon générale. Mais, ce sur quoi l'accent a été mis (et que nombreux ont tendance à oublier) c'est que ces personnes ont, durant leur existence, combattu le colonisateur français. Pour eux, il constitue la cause principale de la décadence de la nation algérienne. Il fallait à tout prix immuniser le peuple contre toute velléité d'acculturation menée par les occupants dans le but de lui faire perdre ses racines. Et dans ce cadre, la religion musulmane et la langue arabe ont constitué des remparts particulièrement hermétiques. En soirée, vers les coups de minuit, et après que tout le monde aura terminé la prière des tarawihs, la télévision diffuse «Dourous El Mohammadia» (aspects sur la sunna du Prophète paix et bénédiction soient sur lui). L'émission consiste en un ensemble de conférences données par un certain nombre de théologiens de renom, dont beaucoup viennent de pays arabes. S'exprimant dans un arabe classique de très haute facture, le conférencier s'attarde sur divers aspects de la religion, mais aussi des sciences sociales et de l'économie. Versets coraniques et hadiths à l'appui, les différents intervenants qui se sont succédé ont tous été unanimes pour dire que la religion se doit de constituer un socle autour duquel l'oumma (nation) tout entière doit se focaliser. La religion doit unir et non désunir. L'aspect social ne doit pas être perdu de vue. «Ce n'est qu'à ce prix que la nation pourra sortir de la décadence dans laquelle elle patauge depuis de longs siècles», dira-t-on en chœur. B. L.