De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad L'agriculture ne bénéficie pas de soutiens adéquats de la part de l'Etat et de conditions matérielles satisfaisantes dans la wilaya de Tizi Ouzou, région à vocation agricole ; autant dire que le secteur qui devrait être la propriété en ces temps de crises à répétition ne constitue pas du tout un centre d'intérêt pour les responsables locaux qui, d'ailleurs, ne manifestent pas plus d'engouement pour les autres domaines d'activités maintenant toute une population dans un sous-développement chronique. Pour l'agriculture, l'absence des représentants de subdivisions agricoles et de cadres de la direction à l'ouverture officielle de la 3e édition de la fête de la figue (17-19 août) au village de Lemsella, commune d'Illoulen Oumalou, en est l'illustration parfaite. Pourtant, il s'agissait d'une foire populaire soutenue par des «gestes» de la part des pouvoirs publics alors que dire des actions qui devraient toucher le petit agriculteur qui vit de sa récolte en produisant ce qu'il va consommer et vendre le reste pour prendre en charge les dépenses de son champ dans les nombreux villages enclavés de Kabylie. Ainsi, on s'étonne que la facture des importations de produits alimentaires pour l'année 2008 dépasse les 8 milliards de dollars. La wilaya de Tizi Ouzou a dégagé pour cette année 2009 au profit du secteur de l'agriculture un milliard de dinars, selon un chiffre donné en conseil de wilaya par les responsables du secteur et à quatre mois de la fin de l'année rien ne vient apporter un quelconque démenti à la situation catastrophique qui caractérise l'agriculture. Les plaintes pleuvent de partout sur la tutelle, dans toutes les branches d'activité agricoles, sans exception ! Dans cette ambiance de déclin général d'un secteur qui n'a pas besoin de beaucoup de sacrifices pour se relever, l'agriculture de montagne et les cultures propres au relief et au climat de la Kabylie sauvent la face. Même si cette saison n'est pas la meilleure malgré les efforts des petits fellahs sans assistance des services de l'Etat ni disponibilité des produits de prévention et de lutte contre les maladies. La figue a, par exemple, fait les frais des caprices de la météo qui a été en partie derrière la récolte de moyenne à faible de ce fruit prisé en Kabylie. Selon Ahmed Meziache, membre de l'association Tighilt N Lemsella, organisatrice de la fête de la figue, dans la commune d'Iloula Oumalou, la récolte des figues n'est pas à la hauteur des attentes et loin d'égaler celle des années précédentes en raison d'une météo défavorable, de maladies et des incendies criminels de forêts qui ont provoqué des pics de chaleur très en dessous de la normale qui favorise la croissance du fruit. «Des espèces de figue comme taghanimt ou taghlit ont pu résister là où l'eau apporte son humidité», dit-il quelque peu hésitant en cherchant du regard les yeux de sa maman pour s'en assurer. Le raisins ont par contre connu un sort différent dans beaucoup de localités connues pour leurs vignobles comme la côte est de Tizi Ouzou, à Azzefoun et Aït Chafaâ qui n'ont pas raté leur rendez-vous cette année même si la récolte est loin de satisfaire les agriculteurs qui ont espéré mieux après une belle pluviométrie et les maladies qui auraient reculé de l'avis de certains d'entre eux. A Lemsella, l'association Tighilt N Lemsella, afin de favoriser la culture de la figue, a inscrit l'an dernier un projet de conservation et de séchage de la figue dans le programme PPDRI (plan de développement rural intégré) et n'a pas attendu son lancement pour planter plus de trois mille figuiers dans une ambiance festive ressemblant aux foires agricoles d'antan, rapportent les membres de l'association qui aspire à transformer la fête de la figue en fête nationale. Un autre fruit a déçu ses cultivateurs cette saison : la cerise n'a, en effet, fait que des mécontents par la faiblesse de son rendement. L'arbre est en nette déclin dans toute la Kabylie à se fier aux impressions des uns et des autres, les fellahs n'arrivent pas à stopper des maladies qu'ils ne maîtrisent pas avec des moyens matériels insignifiants. «Nous avons été à une fête des cerises sans cerises», a commenté un invité de l'organisation à Larbaa N'Ath Irathen de la fête des cerises au début du mois de juin dernier. Les solutions et les propositions pour sortir l'agriculture de sa torpeur sont connues mais en attendant leur application nos oliveraies et vergers disparaissent dans les incendies criminels.