Les ministres des Travaux publics, des Ressources en eau, des Transports, des Finances «passent l'oral» dans la série «audition» qui leur a été consacrée par le président de la République. C'est un exercice auquel les membres du cabinet Ouyahia se sont acclimatés. Une instruction commune leur a été donnée : faire avancer les réformes dans tous les secteurs. De toutes les auditions passées, celle accordée au ministre des Finances est plus globale, parce qu'elle touche à l'économie dans son ensemble. Dans l'exposé qu'il a présenté lors de son audition, le ministre des Finances, Karim Djoudi a brossé un tableau exhaustif de l'évolution de l'économie nationale : taux de croissance, inflation, dette publique, modernisation du système financier, effets de la crise mondiale sur l'équilibre de notre économie… A quelques nuances près, la situation n'est pas réellement différente de celle dressée par Karim Djoudi au cours de l'audition de 2008. Le ministre des Finances a pris note des orientations qui lui ont été données par le chef de l'Etat. Ce dernier s'est attardé, entre autres, sur la nécessité de diversifier notre économie qui évolue aujourd'hui autour d'un «centre de gravité» qui s'appelle pétrole, ressource non renouvelable, un secteur fortement affecté par les premiers effets de la crise financière mondiale. La preuve, les revenus de l'Algérie ont diminué de moitié au premier semestre 2009. Il est donc question d'augmenter la production de richesses autres que les hydrocarbures en encourageant l'investissement dans tous les secteurs productifs. A propos d'investissements, le département de Karim Djoudi a introduit une somme de mesures dans le cadre de la loi de finances 2009 et dans la loi de finances complémentaire 2009, pour un meilleur recadrage de l'investissement. Désormais, les opérateurs étrangers seront tenus d'associer les nationaux dans les projets à venir (plus de 50% dans les activités productives et 30% dans celles commerciales). Décisions à polémique ? Le président de la République souligne que l'Algérie entend défendre ses droits comme les autres pays en matière d'investissements, tout comme elle entend mettre un terme aux comportements parasitaires et spéculateurs au détriment du Trésor public. Aussi faut-il renforcer la lutte contre les différentes formes de fraude fiscale, douanière et autres, qui font perdre à l'Etat d'importantes recettes au bénéfice de milieux parasitaires, pour ne pas dire maffieux. Dans la politique économique, les dépenses publiques occupent également une bonne place. Et il en a été question à l'occasion de ces auditions. Ce n'est pas parce qu'elle a de l'argent, fruit du redressement des marchés pétroliers sur les quatre dernières années, que l'Algérie doit en dépenser irrationnellement, vivre dans l'opulence. La dépense budgétaire doit aussi être «rationalisée» pour mettre un terme aux abus et aux programmations aléatoires. Depuis l'ouverture du marché, une forme d'anarchie s'est emparée de certains créneaux, aussi bien économiques que commerciaux. Aussi, le reproche est fait à l'Etat de s'être départi de son rôle de régulateur. Y. S.