La commissaire européenne responsable de la société de l'information et des médias, Viviane Reding, apporte son soutien au projet Google Books, porté par le moteur de recherche sur Internet qui souhaite numériser et publier sur le Web des millions d'œuvres littéraires. Ce soutien est clairement affiché alors que l'ex-président de laBibliothèque nationale de France (BNF), Jean-Noël Jeanneney, s'élevait contre l'éventuel accord entre Google et la BNF. «La responsabilité du choix des livres, la maîtrise planétaire de leur forme numérisée et la quasi-exclusivité de leur indexation sur la Toile […] voilà bien qui n'était pas supportable», avait-il déclaré, suite aux rumeurs d'un imminent accord avec Google pour la numérisation d'une partie des ouvrages de l'établissement. Cette prise de positioneuropéenne pourrait donc éventuellement contribuer à conforter le projet de numérisation des livres de la BNF par Google, même si les oppositions se maintiennent. En effet, Viviane Reding, qui a soutenu le projet Google Books jeudi dernier, a salué les «initiatives du secteur privé» telles que celle du géant américain. «Google Books est un projet commercial développé par un acteur majeur», a-t-elle écrit dans un communiqué. Elle s'est réjouie de voir que «les nouveaux modèles d'entreprises évoluaient et permettaient ainsi la mise à disposition de nouveaux contenus aux utilisateurs». Cependant, les attaques des détracteurs et opposants ne semblent inquiéter ni gêner outre mesure Google qui a obtenu cette année l'autorisation des organismes américains de gestion des droits d'auteur et des groupes d'édition de publier des ouvrages sur Internet. Cet accord reste cependant controversé et fait l'objet de nombreuses critiques. Le département américain à la Justice s'est d'ailleurs saisi du dossier, reprochant à Google de ne pas avoir fait part de toutes ses intentions, en particulier celle de facturer ou non l'accès à sa bibliothèque numérique. Berlin s'est également plaint que Google numérisait des ouvrages provenant de bibliothèques américaines sans demander l'autorisation des ayants droit. En fait, le danger viendrait des concurrents. Yahoo, Microsoft et Amazon ont, en effet, annoncé cette semaine qu'ils rejoignaient l'Open Book Alliance, sorte de coalition censée devenir une fronde contre Google et la numérisation des livres à outrance. Sur un autre plan, la commissaire européenne, qui s'est réjouit que le projet de bibliothèque numérique européenne (Europeana) progresse, avec désormais 4,6 millions de documents numérisés, s'est toutefois dit «inquiète de constater que 5% seulement de tous les livres numérisés de l'Union européenne sont disponibles sur Europeana» alors que «plus de 90% des livres dans les bibliothèques nationales d'Europe ne sont plus disponibles dans le commerce, car ils sont épuisés ou sont des œuvres orphelines», déplore la commissaire qui ne manquera pas de remarquer également que «presque la moitié des œuvres numérisées d'Europeana provient d'un seul pays», la France en l'occurrence. Selon la commissaire, «cela montre qu'il faudrait peut-être que les Etats membres cessent de se contenter d'envier les progrès réalisés sur d'autres continents et commencent à retrousser leurs manches». L'Union européenne, face aux lenteurs d'Europeana et aux problèmes juridiques (les livres numérisés provenant surtout du domaine public), a décidé de lancer une consultation publique jusqu'au 15 novembre prochain, avec une longue liste de questions… que Google ne se pose évidemment pas. R. C.