Dans sa prestation devant les officiers supérieurs de l'ANP, le président de la République a fait de la jeunesse l'axe principal et le fil conducteur des idées développées. Comment peut-il en être autrement lorsque la jeunesse algérienne constitue près de 70% de la population, lorsque c'est cette jeunesse qui constitue le défi majeur et l'enjeu stratégique de son programme ? Comment peut-il en être autrement lorsque c'est la jeunesse de ce pays qui a toujours opéré les ruptures historiques ayant déterminé le destin national ? Si l'Algérie fête aujourd'hui son indépendance, c'est grâce à la perspicacité de la jeunesse des années cinquante qui a tenté vainement de colmater les brèches du PPA-MTLD mais en vain. Elle a décidé alors de franchir le Rubicon et de trancher dans le vif le nœud gordien d'une situation de blocage menaçant sérieusement la dynamique indépendantiste du mouvement national. Au lendemain de l'indépendance, c'est encore la jeunesse qui se charge de l'œuvre de construction nationale en donnant un souffle nouveau à la dynamique de réappropriation de la souveraineté et de l'algérianisation de l'élite, notamment dans l'enseignement, la santé et l'économie nationale. L'effervescence des années soixante et soixante-dix est due essentiellement aux rêves inassouvis de la jeunesse algérienne qui marque de son empreinte toutes les étapes de l'Algérie occupée et indépendante. C'est ainsi que c'est cette même jeunesse fougueuse qui, en 1980, tisse un printemps indélébile dans le désert identitaire et rappelle les origines de la nation et ses desseins. C'est toujours la jeunesse qui sort dans les rues d'Algérie le 5 octobre 1988 pour crier son ras-le-bol et sa colère contre un régime impopulaire et contre le mépris, l'ostracisme et le népotisme qui ont creusé le lit de la tragédie nationale dont les jeunes seront à la fois acteurs et victimes. Cependant, tout au long des années quatre-vingt-dix, les rêves des jeunes d'une Algérie juste et pour tous ont été détournés par une œuvre qui a programmé la destruction de l'Algérie. Entre terrorisme barbare et autoritarisme aveugle, les jeunes ont perdu leurs derniers repères, leurs illusions, leurs rêves. Ils se sont sentis délaissés et marginalisés par toutes les politiques et se sont tournés vers le marché informel, vers la traversée aventureuse, vers l'émeute… Pourtant, la jeunesse ne demande pas la lune, elle demande l'Algérie. Le sevrage a été trop brutal avec l'instauration de l'économie de marché qui a généré plus d'exclus que d'intégrés, plus de déclassés que de promus, plus de marginaux que d'insérés. Face à cette réalité, la réconciliation nationale est venue pour panser les blessures et tourner la page de la tragédie sans la déchirer. Mais le gros de la jeunesse attend la reconnaissance suprême en retrouvant la dignité par le travail. A. G.