Hier, face aux officiers supérieurs de l'armée, le président de la République a joué une belle symphonie sur l'air de la réconciliation. Passionnément attendue, au regard de la tension —qu'on disait— grande qui caractérisait les rapports entre le candidat Bouteflika et la hiérarchie militaire, la fête de l'Indépendance célébrée, hier, au siège du ministère de la Défense, aura scellé les retrouvailles. Pourtant, d'aucuns s'attendaient à un lifting au sein de l'état-major de la grande muette compte tenu des résultats de la présidentielle qui ont consacré Bouteflika comme l'homme fort du régime. Mais la politique a ses raisons que les spéculations n'en ont pas. Au lieu des dommages collatéraux, les décideurs de l'armée ont eu droit à des avantages comparatifs inestimables. En l'occurrence, le discours circonstanciel du chef de l'Etat fut une succession de louanges, d'hommages et de reconnaissance à une institution qui a “sauvé la République”. “L'histoire retiendra que, après avoir sauvé le pays d'un chaos destructeur, l'Armée nationale populaire a essentiellement contribué à la sauvegarde des principes républicains de la nation, et qu'elle a été une source d'impulsion majeure dans le développement du processus de construction démocratique”. Ce panégyrique de Abdelaziz Bouteflika, adressé à l'occasion du 5-Juillet aux officiers supérieurs de l'armée, contraste fondamentalement avec les prétendues rancœurs et rancunes du président vis-à-vis de ces derniers, notamment leur chef suprême, le général du corps de l'armée Mohamed Lamari. C'est que, des observateurs s'attendaient tout simplement à la mise à la retraite de certains hauts gradés coupables d'avoir, dit-on, “sponsorisé Ali Benflis” lors du scrutin du 8 avril. Et le général-major Lamari était évidemment en tête de liste de ceux que le président ne porterait pas dans son cœur. Mais, les voies du système étant impénétrables, les supposés ennemis jurés, semblent tout à fait sur la même longueur d'onde, du moins dans le discours. Lamari est toujours là et avec les félicitations du président… S'il est vrai que la brouille entre les deux hommes forts du régime est du domaine du public, il est tout aussi vrai que cela n'est jamais allé au-delà de quelques coups de gueule, histoire de pimenter un peu le débat politique via les médias. Et la rocambolesque réélection de Bouteflika avec 85% de suffrages alors qu'il était donné vaincu, prouve si besoin, que les subtilités des rapports entre l'armée et le président sont à chercher ailleurs que dans les spéculations. Le fait est que, la célébration de la fête du 5-Juillet intervenue trois mois après le fameux scrutin, s'est déroulée dans la sérénité. C'est-à-dire sans le moindre couac qui aurait pu donner raison à ceux qui s'échinent à inventer des histoires et à échafauder des scénarios. Quatre promotions aux rangs de généraux-majors, dix autres pour celui de généraux et quelques décorations en faveur des officiers militaires et des cadres assimilés, et le tour est joué. Le chamboulement de la hiérarchie n'a donc pas eu lieu comme on le supposait. Le président a sans doute préféré faire confiance à une équipe qui ne l'a pas empêché de gagner haut la main un second mandat. Reconnaissant, Bouteflika le lui rend bien d'ailleurs : “… l'Armée nationale populaire (…) a manifesté concrètement sa volonté de confirmer le retour définitif à l'ordre constitutionnel, elle a fait en restant à l'écart du débat politique et en se tenant dans la discipline républicaine au service de la nation et du peuple qui exprime souverainement sa volonté et ses choix”. En louant à volonté les mérites de l'ANP, le président de la République ne désespère pas néanmoins de voir ses officiers se consacrer uniquement à leur mission originelle telle que définie par la Constitution, c'est à dire en dehors de la politique. “(…) l'armée doit retrouver sa place au sein de la société algérienne dans le cadre du fonctionnement normal de nos institutions…”. Et au détour d'une volonté d'aller vers la professionnalisation de l'armée, le président de la République glisse un message politique fort qui en dit long sur ses objectifs : “L'ANP va pouvoir ainsi, au fur et à mesure que le processus de professionnalisation et de modernisation se réalisera et se développera, se consacrer entièrement à l'exercice de ses missions, sous l'autorité et la responsabilité du président de la République, chef suprême des armées, responsable de la défense nationale”. Cette précision est de taille. H. M. Promotion au ministère de la défense nationale 4 nouveaux généraux-majors Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a procédé hier à la remise de grades et médailles à plusieurs généraux-majors et généraux à l'occasion de la célébration du 42e anniversaire de l'Indépendance et de la Jeunesse. À cette occasion, le président de la République a promu quatre généraux aux grades de généraux-majors et dix colonels aux grades de généraux. Plusieurs fonctionnaires de l'Armée nationale populaire (ANP) et personnels civils assimilés ont également été décorés par le président de la République qui a remis, dans ce cadre, la médaille d'honneur au colonel Mohamed Chicouche, la médaille de mérite militaire au lieutenant-colonel Hafs Mohamed Chérif et des médailles de l'ANP au lieutenant-colonel Hamad Yousef (premier insigne), au lieutenant-colonel Bensouïeh Abdelhamid (deuxième insigne) et à Fateh Fatima, assimilée, (sans insigne). Le président de la République avait été accueilli par le général des corps d'armée, Mohamed Lamari, Chef d'état-major, au siège du ministère de la Défense nationale où il a écouté l'hymne national et passé en revue des détachements des armées de terre, de mer et de l'air avant de saluer des généraux et autres officiers supérieurs de l'ANP. Le président Bouteflika a ensuite prononcé un discours dans lequel il a rendu hommage à l'ANP qui a pu “sauver la République grâce à son unité, sa cohésion et son sens élevé du devoir au moment où le pays traversait les plus sombres moments de son histoire”. APS.