Photo : S. Zoheir Par Hasna Yacoub Assiégée à de multiples occasions et accusée de tergiversations, l'Agence nationale de l'amélioration et du développement du logement (AADL) qui s'est engagée en 2001 à livrer dans un temps record deux programmes (2001 et 2002) de 55 000 logements, n'a pas encore honoré cette promesse. Certains projets qui ont enregistré d'énormes retards dans la réalisation ne seront pas achevés avant l'année prochaine. Leur livraison se fera, néanmoins, de manière partielle et progressive et ce afin d'apaiser la colère des souscripteurs de la location-vente qui, pour certains, attendent un toit depuis plus de 7 ans ! Ces derniers organisent, presque de manière cyclique, des sit-in pour exiger de l'AADL la remise des clés de leurs logements. La dernière manifestation en date et celle des futurs locataires du projet de 556 logements d'El Achour bis qui ont brandi des banderoles en début de cette semaine devant le siège de la maison de la presse, Tahar Djaout, dénonçant la longue attente d'un projet qui ne voit toujours pas le jour. Mais ces familles, en sus d'avoir dénoncé les retards, ont menacé de squatter leurs propres futurs logements ! Et pour cause ? «Nous avons peur que le projet soit détourné au profit d'autres bénéficiaires» ! Une peur qui paraît injustifiée du fait que ces familles détiennent des décisions d'affectation. Elle démontre néanmoins la défiance du citoyen envers ses dirigeants. Sinon comment expliquer de tels comportements au moment même où le ministre de l'Habitat et le directeur général de l'AADL ne cessent de rassurer les bénéficiaires des programmes location-vente de 2001 et 2002 que la totalité des projets seront réalisés et livrés. Avec un grand retard certes mais… livrés quand même. Pour revenir au sit-in des souscripteurs d'El Achour bis, ces derniers ont affirmé que leur chantier est à l'arrêt à cause «d'un conflit entre l'AADL et l'entreprise réalisatrice dont le gérant soutient que l'Agence refuse de lui payer les créances dues». C'est loin d'être le cas, explique le service de la communication de l'AADL qui assure que l'entreprise libanaise Slimane Haddad a été payée «rubis sur l'ongle» pour le travail qu'elle a accompli. Cette entreprise, qui a repris le chantier après la défection de l'entreprise chinoise COCPC, a signé un contrat avec l'AADL en 2006 pour la réalisation de 1 274 logements, dont les 556 logements d'El Achour et les 718 de Draria Ouled Bouzid. Elle s'est engagée à terminer ses travaux dans un délai de 20 mois. Au bout de trois ans, «Haddad n'a fait que parachever les travaux exécutés par la COCPC», assure-t-on au niveau de l'AADL, qui a constaté, depuis le début de l'année, une baisse de la cadence de travail au niveau de ce chantier avant son arrêt définitif. Deux mises en demeure ont été alors adressées au concerné avant la résiliation du contrat. «Slimane Haddad a remis en cause son contrat et a demandé à revoir à la hausse le coût de sa prestation. Ce qui est contraire à la loi», explique le responsable de la communication de cette agence. Slimane Haddad, qui a repris les travaux du chantier d'El Achour bis à un taux de 15%, n'a atteint, au bout de 3 ans, que 40% du taux d'avancement. Pour terminer ce projet, un avis d'appel d'offres national et international a été lancé le 5 août dernier par l'AADL afin de choisir une nouvelle entreprise réalisatrice. Le 15 septembre prochain, l'AADL procèdera à l'ouverture des plis mais les travaux des VRD vont se poursuivre entre temps. Un temps minimal d'une année est à prévoir pour l'achèvement de ce chantier. Les bénéficiaires du projet d'El Achour bis devront donc simplement patienter pour leur remise des clés. A signaler que la majorité des chantiers AADL ont connu des résiliations de contrat et changement d'entreprises réalisatrices à l'exemple des sites de Bellevue, Dar Chabaane, Bachdjarrah ou encore Heuraoua qui, une fois relancés, connaissent un taux d'avancement appréciable. Des livraisons partielles de ces projets devront intervenir d'ici la fin de l'année en cours.