Contrairement à ce que l'on pourrait croire, Ramadhan ne semble pas vaincre la joie de vivre de la jeunesse algéroise branchée… les contraintes et les interdits qu'il peut incarner pour ceux qui sont habitués à profiter de la vie sans concessions n'y font rien. Sans alcool, la fête n'est pas plus folle durant les soirées ramadhanesques mais elle prend des contours tout de même exceptionnels pour eux. Qu'à cela ne tienne, certains se contentent de quelques «tafs de chite» par soirée pour se sentir enivrés. Consommation, faut-il le souligner, devenue très fréquente dans certains cercles. L'animation et la gaieté gagnent plus facilement les rues de la capitale qui se sont habituées à se perdre souvent dans la morosité du quotidien. Ramadhan apporte, comme chaque année, un air de changement à la jeunesse algéroise qu'elle ait peu de moyens pour s'amuser ou qu'elle soit privilégiée. Les moins nantis improvisent des soirées dans des cafés, en bas des immeubles, ou encore dans n'importe quel coin du quartier, souvent à même le sol. Nul besoin de décorations sophistiquées ou de DJ… Dominos, jeux de cartes, qalbelouz, thé et discussions suffisent pour relever les soirées. Pour d'autres, les soirées s'animent autrement. Avec un peu plus de moyens, voir même beaucoup plus de moyens. Quaadate feutrées aux rythmes traditionnels et fêtes branchées où l'on peut savourer l'insouciance de sa jeunesse jusqu'à l'aube. Après la rupture du jeûne, ils sont nombreux à plonger dans l'enthousiasme des sorties en groupe. Le mot d'ordre est toujours le même : s'amuser, s'amuser et encore s'amuser. Et ces jeunes Algérois qui ont les moyens de leurs envies n'ont pas de quoi se plaindre en cette période de l'année, vu que l'animation culturelle bat son plein à chaque fois et le choix est au rendez-vous, qu'on soit sédentaire ou plutôt fêtard. Les incontournables kheïmas sont là pour répondre à leurs attentes. D'autres espaces, salon de thé, restaurants ou cafés de club de tennis se transforment également en kheïmas le temps du mois sacré. Sans compter celles de la capitale, ouvertes toute l'année, et qui, une fois le Ramadhan arrivé, mettent les bouchées doubles pour attirer une jeunesse avide de détente et de loisirs. Chicha, jeux de cartes, dominos, jeux de société, karaoké, playstation, wii, ou simples discussions entre amis autour d'un thé permettent des soirées des plus sympathiques. Des concerts, organisés non plus dans les grandes salles de l'Algérois mais plutôt dans ces mêmes kheimas. Pour cette année, certaines kheimas se sont démarquées, la plus fréquentée est celle de Hyundai avec une animation très éclectique et un petit plus dans la décoration et l'ambiance qui fait qu'elle déborde de monde chaque soir… les soirées au bord de la piscine du Mazafran et les kheimas du Hilton ou encore du jardin botanique de l'hôtel Saint Georges ont, elles aussi, su capter l'intérêt des fêtards qui ont de quoi payer. Ces jeunes envahissent chaque soir les rues algéroises après el adhan à la recherche du bon endroit pouvant accueillir leurs envies d'épanouissement et de joie de vivre. Chaque année, ils s'approprient tous les espaces en y insufflant des ambiances qui leur ressemblent bien. Des ambiances de légèreté, d'ivresse et de jubilation… Ramadhan devient forcément un mois sacré pour cette jeunesse qui a les moyens de se payer les plaisirs de la vie… F. B.