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Yamina : drôles de dames !
La pièce de la coopérative Ourchet El Bahia Oran au TNA
Publié dans La Tribune le 07 - 09 - 2009

La femme, c'est cet être si fragile mais à la fois si dangereux qui a été à l'honneur samedi dernier au Théâtre national algérien à travers la représentation de la pièce Yamina produite par la coopérative Ouarchet El Bahia Oran. Mise en scène par Adar Mohamed et adaptée du livre Femmes de Azzedine El Madani, elle relate principalement la condition féminine en Algérie à travers deux personnages qui reflètent deux générations : une belle-fille rebelle qui ne cesse de réclamer ses droits face à une belle-mère vieux jeu très attachée aux coutumes. Le rideau se lève, laissant découvrir une ambiance étouffante, sur scène et à l'arrière-plan, des rideaux sont accrochés à des panneaux, ces rideaux servent à cacher la femme du reste de la société. Yamina, jeune femme moderne et émancipée en a assez de cette vie sans amour ; pour elle, c'est un calvaire. Dès qu'elle ose hausser le ton pour réclamer ses droits les plus légitimes, sa belle-mère Chadlia se pointe pour la remettre à sa place. Cette dernière regarde Yamina d'un mauvais œil, elle est le péché incarné, elle n'approuve ni sa tenue, ni sa façon de parler, encore moins sa manière d'éduquer ses enfants. Chadlia considère sa belle-fille comme une brebis galleuse qui demande trop et qui ne mérite rien. Pour la convaincre de s'assagir, elle va jusqu'à lui parler de sa propre relation conjugale basée sur le respect mais aussi la peur. C'est là qu'on découvre une femme soumise, battue et privée de tout, elle se donne à fond mais ne reçoit rien en retour. Une situation que Yamina refuse de vivre. Le duo est superbe et le dialogue est bien corsé, les répliques drôles, l'ironie mêlée de douleur, les deux femmes se retrouvent mais se perdent. En effet, les deux partagent quelque chose en commun qui n'est autre que la révolte. Seule différence, c'est que Yamina assume au moment où sa belle-mère la refoule.
A un moment, lorsque Chadlia a commencé à relater son quotidien avec son époux, la pièce a pris un aspect très caricatural. On citera, entre autres, la scène où la femme, morte de peur, se cache à l'arrivée de son époux ou encore quand elle se cache sous le lit pour éviter les coups. Une tierce personne fera son apparition sur scène, c'est l'époux de Yamina qui se cache derrière les rideaux, il crie contre elle, la bat et la malmène. C'est un personnage grotesque qui cache un terrible paradoxe : universitaire, il refuse de voir sa femme se libérer de son emprise et de sa cruauté. Une dure réalité qui demeure à cause de l'influence sociale. Par ailleurs, la pièce a été un moment desservie par l'éclairage. Quant aux deux comédiennes, Malika Youcef dans le rôle de Chadlia et Wahiba Adnane dans le rôle de Yamina, elles ont parfaitement collé à leur personnage. La pièce prendra fin avec une forte scène de complicité entre les deux femmes que tout sépare. Après avoir tout remis en question et partagé de lourds secrets, les deux protagonistes décident d'exprimer leur désarroi en déchirant les rideaux et en criant : «Barakat.»
W. S.


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