« Yamina », une nouvelle production théâtrale de l'atelier « El Bahia », a été présentée hier à la salle El Feth devant un public assez modeste. La pièce, qui est mise en scène par Mohamed Adar d'après un texte du tunisien Azzedine Madani, adapté par Jamal Marir et Samir Rais, est en fait une nouvelle version de « Cri de femme » qu'avait mise en scène le même Adar vers la fin des années 90. Tout en traitant de l'éternel conflit de génération symbolisé par les échanges entre une femme mettant en avant les valeurs traditionnelles et sa belle-fille qui aspire à une meilleure vie, l'auteur ne veut néanmoins pas s'impliquer, laissant au spectateur le soin de se situer au milieu de l'ambivalence caractérisant le dialogue qui se déroule entre les deux et seuls personnages de la pièce. Tantôt, c'est le côté conservateur qui est vanté par ses traditions et valeurs familiales à l'ancienne, tantôt c'est le côté opposé en faveur de l'émancipation. Cet aspect concerne aussi l'opposition homme-femme. La jeune mariée est une farouche féministe contre son mari conservateur malgré son doctorat et sa position sociale élevée. Le dialogue choisi par le metteur en scène lui-même est puisé dans le terroir, ce qui a rendu plus facile au public de suivre sans peine toutes les péripéties qui ont marqué les débats houleux qui opposaient la fille à sa belle-mère. Toute deux finissent « étrangement » par se révolter contre ce qu'endure toujours une grande partie des femmes par une frange masculine de la société qui n'a pas voulu se débarrasser de ses mentalités rétrogrades.