Entre l'achat de voiture, de l'électroménager, du crédit à la consommation et personnel, les foyers oublient souvent les aspects liés à l'éducation, la santé, les charges, pendant que leur argent va dans les remboursements. Conséquences directes: asphyxie financière, endettement parallèle (amis, voisins, famille…etc.) Après les crédits à la consommation, voiture, logement, appareils électroménagers, outils informatiques et meubles qui se sont intégrés progressivement dans les habitudes des ménages algériens, aujourd'hui, tout s'achète à crédit. Les ménages choisissent une épicerie, un boucher et un marchand de légumes de leur quartier et font ces achats à crédits jusqu'à la fin du mois. La coiffeuse, le cyber, la couturière et même le pharmacien du coin accorde du crédit. “C'est une question de confiance. Il y a des personnes que je connais pendant des années donc je lui donne sans problème le médicament surtout quand il s'agit d'une urgence. Mes clients me payent à la fin du mois ou quand l'argent est disponible. C'est la cherté de la vie qui a fait que les ménages ne peuvent plus joindre les deux bouts”, nous dira un pharmacien d'une cité dans la banlieue d'Alger. Les mêmes réponses sont données par les magasins d'alimentation générale, les magasins de légumes et les bouchers “effectivement, chaque client à un petit carnet où je note son crédit. Ce sont généralement des salariés et des pères et mères de familles auxquels nous ne pouvons refuser de leur vendre à crédit. Nous travaillons sur une base de confiance aussi. Ce sont des gens habitant dans le quartier depuis des années et qui n'ont jamais failli à leurs engagements”, nous expliquera ami Omar un épicier. Idem pour tous les autres commerces. La principale couche sociale touchée par cette méthode est celle constituée par les ménages à revenu moyen qui y voient une solution à leur problème d'argent “je suis un fonctionnaire est mon salaire est de 20 000 DA. Entre les charges (l'électricité et le gaz, le téléphone et l'eau) et les besoins de mes enfants, mon salaire n'a jamais tenu un mois. Donc, heureusement que nous avons des gens qui nous comprennent et qui nous accordent tout à crédit. Ce n'est pas une solution adéquate à nos soucis d'argent car nous devons payer ces gens à chaque fin du mois mais cela nous permet de survivre et de ne pas laisser nos enfants mourir de faim”, nous dira Mohammed, père de deux enfants. Mais dans cette nouvelle obligation (parce que ces gens sont obligés d'adopter cette méthode), il y a le revers de la médaille, et c'est le surendettement. Quand ces ménages ne peuvent pas payer leurs crédits, ils font appel généralement à des amis, des parents ou des voisins “c'est vrai, il m'arrive souvent d'emprunter de l'argent chez ma fille parce que nous n'arrivons plus à boucler, à subvenir aux besoins de la famille. Mon mari est un retraité, sa pension est de 8 000 DA. Et comme vous le savez, tout est cher. Les légumes, l'alimentation générale et surtout les médicaments”, témoigne une dame. Pour les consommateurs qui ont des charges de dépenses supplémentaires comme l'achat d'une voiture ou d'un bien immobilier, ils se voient tenus de rester endettés et leurs salaires partagés avec la banque prêteuse durant des années. Cela crée une situation de surendettement, donc d'appauvrissement des foyers. Ce qui fait que “le crédit à la consommation demandé par la couche moyenne a subi un ralentissement ces dernières années, ce sont les prêts personnels qui fléchissent le plus”, selon certaines sources. Le risque de cette nouvelle forme de crédit est que certains ménages ne prennent pas en considération l'endettement et laissent de côté les priorités qui sont la santé et l'éducation. “Nous avons peur de tomber malade, car nous n'avons pas de l'argent pour aller nous soigner ou acheter des médicaments, car, tout notre argent est dépensé pour l'alimentation”, avouera un père de famille. “Le meilleur mécanisme, c'est peut-être de relever le niveau des revenus. Il faut tirer la sonnette d'alarme pour dire que la situation d'aisance financière, dont jouit aujourd'hui l'Algérie, risque de basculer vers un seuil critique de déséquilibre de la balance des paiements”, selon certains experts. F. A.