Photo : Riad Par Karima Mokrani Il ne reste plus que quatre jours aux enfants pour rejoindre les bancs de l'école. Les préparatifs de la rentrée scolaire 2009/2010 s'intensifient et les ménages focalisent toute leur attention sur les besoins des bambins en trousseau scolaire, habillement neuf, etc. Conditions d'accueil Des dépenses qui se greffent sur celles du Ramadhan et bientôt de l'Aïd El Fitr mais qui sont indispensables pour le bonheur des enfants. Dans les magasins et autres marchés populaires, les produits sont disponibles en quantité et en qualité. Il y a de tout mais à des prix qui ne sont pas toujours à la portée des bourses moyennes. C'est comme les fruits et légumes et autres produits qui restent, durant ce mois de Ramadhan, inaccessibles à de nombreuses familles. A en croire les dires du premier responsable de l'Education nationale, Boubekeur Benbouzid, tout est fin prêt pour assurer un bon accueil aux élèves. Les démunis seront pris en charge dans les temps, selon ses dires : la prime de scolarité, désormais de 3 000 DA au lieu de 2 000 DA (décision du président Bouteflika) et les manuels scolaires distribués gratuitement à près de quatre millions d'élèves. Les responsables en charge de la production et de la distribution de ces manuels scolaires assurent que ces derniers sont disponibles à plus de 100%. Le ministre Benbouzid affirme que ces livres ont été donnés aux wilayas avant même la fin de l'année scolaire 2008/2009. Ainsi, côté manuel, toujours si l'on s'en tient aux dires du ministre, il ne devrait pas y avoir de problème. Finies les années où l'on formait de longues files d'attente devant les points de vente de l'ONPS (Office national des publications scolaires) sans pour autant avoir son lot de manuels. Les chiffres du ministère indiquent que l'enveloppe financière destinée à ce manuel scolaire est de 6,5 milliards de dinars pour une production totale de 60 millions d'ouvrages. Quant à la prime de scolarité et malgré toutes les assurances du ministre et de ses collaborateurs, il est vraiment difficile de croire en une bonne organisation de cette opération. Chaque année, les parents d'élèves se plaignaient des retards accusés dans la distribution de cette prime, car, souvent, elle n'arrivait dans les établissements que vers la fin du premier trimestre. Alors que c'est au début de l'année que les familles en ont le plus besoin. L'année dernière, de nombreux enfants ont été éliminés des listes des bénéficiaires pour des raisons non convaincantes. Ce n'est que vers la fin de l'opération qu'ils ont été réintégrés. Mieux vaut tard que jamais ! Au sujet des chiffres communiqués par le département de Benbouzid, ceux-ci indiquent que l'enveloppe allouée à ce soutien scolaire est de 30 milliards de dinars, le nombre des bénéficiaires étant de 3 800 000 élèves. Les cantines sont au nombre de 609 et les bus au nombre de 4 808. Deux jours de repos Concernant les infrastructures, de nouveaux établissements sont inscrits dans les programmes du développement du secteur. Certains devraient être réceptionnés à la rentrée. Force est de constater toutefois que ces nouvelles réalisations sont rarement livrées dans les délais. Les retards vont de trois mois à plus d'une ou deux années. Les ministres de l'Education nationale et de l'Habitat se sont rencontrés dernièrement pour débattre des moyens de rattraper les retards… mais ces retards persistent. Le manque de coordination entre les services des deux départements n'encourage pas les bonnes initiatives. «Il est inconcevable de construire des logements sans prévoir des établissements scolaires et autres espaces d'accompagnement», a soutenu, dimanche dernier, le ministre Benbouzid, en réponse à la question d'un directeur de l'éducation de la wilaya d'Alger qui l'interpellait sur l'avenir des élèves des familles bénéficiaires de nouveaux logements dans une commune de l'ouest de la capitale. Pour ce qui est de l'encadrement, 370 259 enseignants sont mobilisés cette année. Le recrutement est ouvert, sur concours, à plus de 10 000 enseignants. Un concours qui devrait avoir lieu durant le mois d'octobre. M. Boubekeur Benbouzid a promis de favoriser les contractuels dont un grand nombre exerce depuis plus d'une dizaine d'années. Quant au déficit en enseignants de français dans les wilayas du sud du pays, le ministre affirme qu'il compte recruter des enseignants exerçant au Nord en leur offrant un poste d'emploi et un logement. Pour ce faire, 4 000 logements neufs sont disponibles dans ces régions du Sud. Benbouzid compte également solliciter des retraités de l'enseignement en attendant que de nouveaux enseignants de français terminent leur formation. Et pour répondre aux interrogations des parents d'élèves concernant le réaménagement du nouveau week-end et les risques de propagation du virus de la grippe porcine, le premier responsable du secteur de l'éducation nationale se montre rassurant. Il assure qu'il n'y aura pas de surcharge de programmes après qu'il a été décidé de dispatcher les quatre heures de jeudi sur les autres jours de la semaine : «N'oublions pas que nous avons des heures creuses les autres jours de la semaine ! Nous avons également la possibilité d'avancer d'une demi-heure les cours de l'après-midi.» Le ministre rappellera, à l'occasion, que l'année scolaire s'étalera désormais sur 35 heures au lieu de 27 heures. Ce qui n'est pas nouveau si l'on se réfère à la réglementation : «La loi dit que l'année commence début septembre et se termine le 4 juillet». Pour certaines wilayas du Sud, le ministre a proposé d'avancer les cours du matin d'une heure : «Il vaudrait mieux commencer les cours à 7 heures au lieu de 8 heures à cause de la chaleur». Quant à l'application de sa dernière proposition d'un cours de 45 minutes au lieu de 60, Benbouzid affirme que cela ne sera pas possible avant la rentrée 2010/2011. «C'est une nouvelle idée, il faut la mûrir. Nous la laisserons donc pour l'année 2010/2011.» La proposition ministérielle sera toutefois appliquée pour certaines classes dans certains établissements d'enseignement algériens. Ce sera à titre expérimental : «Nous allons l'essayer dans certaines classes pour voir sa faisabilité.» Le ministre choisira ses cobayes… Quant au danger de la grippe porcine qui menace 8 millions d'élèves, le ministre assure qu'un plan est mis en marche à titre de prévention. Benbouzid évoque une série de campagnes d'information et de sensibilisation, dont le cours inaugural de la rentrée : «Le cours inaugural de la rentrée va porter sur les mesures de prévention contre la grippe porcine. Nous y assisterons, mon collègue de la santé, Saïd Barkat, et moi-même.» En cas de pandémie, poursuit le ministre, les établissements scolaires seront fermés. Ce qui va, sans doute, pénaliser les élèves qui se retrouveront ainsi privés de cours. Ceux des classes d'examen (5e AP, 4e AM et 3e AS) le seront moins puisque le ministère prévoit de mettre les cours sur Internet, ainsi qu'à la radio et à la télévision. L'idée est bonne ou mauvaise, c'est selon. «Et pour ceux qui n'ont pas accès à Internet ? qui n'ont pas d'ordinateurs chez eux ?» interrogent des parents d'élèves. Quant aux cours à la radio et à la télévision, des citoyens expriment des doutes sur la faisabilité de la chose.