Louisa Hanoune ne décolère pas. Au cours d'un discours prononcé hier matin devant les militants de son parti de la wilaya d'Alger, la dirigeante du Parti des travailleurs redouble de critiques envers le ministre de l'Industrie, Hamid Temmar, et celui du Commerce, El Hachemi Djaaboub, qu'elle n'a pas cité nommément. Tirant à boulets rouges sur la politique de privatisation, Mme Hanoune s'interroge sur l'efficacité de la nouvelle politique de l'emploi du gouvernement. «De quelle politique de l'emploi parle-t-on lorsqu'on ferme les entreprises?» s'est-elle insurgée, avec son énergie habituelle, devant une assistance très attentive. La dirigeante du PT, qui n'a pas fait de proposition concrète, a dit que le ministre de l'Industrie doit au moins appliquer la règle de «la prééminence» qui permettra à l'Etat de récupérer ses biens, étant donné que les usines fermées sont la propriété de l'Etat. L'autre sujet sur lequel Louisa Hanoune a disserté est celui de la mise en concession des terres et la nouvelle politique agricole. «C'est le retour des colons», s'est insurgée la députée qui craint qu'une fois les terres exploitées par les étrangers, elles soient perdues. Elle suggère, dans ce sens, la primauté aux Algériens, même si, selon elle, «cela ne veut pas dire que nous sommes contre la coopération et les échanges commerciaux avec d'autres pays». Louisa Hanoune a indiqué que son parti, qui se prépare à organiser une cession normale du comité central durant l'été, va mener une campagne contre la loi sur la concurrence «comme nous l'avons fait pour la loi sur les hydrocarbures» en 2005, lorsque le Parti des travailleurs, s'opposant à cette loi, adoptée en 2005, avait rassemblé, selon ses dirigeants, un million de signatures avant qu'elle ne soit complètement amendée, sur décision du président Bouteflika, en 2006. Toujours au sujet de la concurrence, Louisa Hanoune, se référant aux déclarations du chef de l'Etat, se demande comment on peut «outrepasser un discours du premier magistrat du pays qui a critiqué l'OMC et faire le contraire». «C'est très dangereux», entonne-t-elle encore tout en demandant à ses militants d'exploiter toutes les tribunes possibles pour faire «barrage» à ces lois qui, à ses yeux, portent atteinte «à la souveraineté nationale». Mais il n'y a pas que du négatif dans l'action du gouvernement, atteste Louisa Hanoune, qui cite la loi sur la présence des étrangers sur le territoire national lorsque le ministre de l'Intérieur, précise-t-elle, a pris en compte près de 80% des propositions du PT, ce qui prouve que «le projet est exclusivement algérien». Sur le plan interne, elle a fixé les échéances organiques de son parti. Elle a informé les militants que la direction a mis en place cinq «commissions régionales de centralisation» pour coordonner les travaux des wilayas. Le PT tiendra ses réunions régionales le 29 juin prochain pour préparer la réunion du comité central, l'organe délibérant du parti. A. B.