Comme pour les autres sports -hormis la sélection nationale de football qui est en train de réaliser un bon parcours en éliminatoires jumelées de la Coupe d'Afrique et du Monde 2010- le judo algérien a raté complètement sa plus récente sortie internationale, en l'occurrence la 29e édition des Championnats du monde de judo, qui s'est déroulée à Rotterdam, Pays-Bas, du 26 au 30 août dernier. Aucun des huit Algériens présents à cette compétition n'a pu atteindre le stade des demi-finales, synonyme de médailles. Pis, hormis Abderrahmane Benamadi (-81 kg) et Rachida Ouardane (-78 kg), qui sont arrivés au second tour, tous les autres judokas ont été éliminés dès leurs premières sorties. Il y a même le cas d'une judoka qui s'est déplacée à Rotterdam sans pour autant prendre part à la compétition par la suite. Donc, après les deux médailles olympiques décrochées à Pékin, en Chine, l'année dernière, le judo algérien trouve des difficultés à maintenir la cadence. Il est vrai que les deux auteurs de la moisson olympique, Amar Benikhlef et Soraya Haddad n'ont pas participé à ces Mondiaux. Mais n'y a-t-il pas d'autres judokas qui peuvent relever le défi ? De plus, qu'est-ce a qui fait que deux champions de cette envergure, des jeunes qui ont l'avenir devant eux, ne participent pas à pareille compétition ? Si, pour le cas de Haddad, le problème est déjà connu - elle veut garder son entraîneur alors que Souakri a été nommée à la tête de la sélection nationale féminine- en revanche pour Benikhlef, c'est nouveau. En tout cas, cela n'aide en rien un sport national qui fait face déjà à d'énormes problèmes. Mais, ça c'est un autre problème. Cette déconvenue du judo algérien est survenue quelques jours seulement après une participation tout aussi mauvaise aux Mondiaux d'athlétisme qui ont eu lieu du 15 au 23 août dernier à Berlin, en Allemagne. Pour en revenir à ces championnats du monde de judo, il faut dire que, pour plus d'un, les Algériens ont réalisé, lors de cette édition, leur plus mauvaise prestation depuis leur participation à une compétition internationale. Ils se sont tous fait éliminer précocement. Cinq d'entre eux se sont fait éliminer d'entrée. Seuls Abderahmane Benamadi (-81 kg) et Rachida Ouardane ont pu remporter leur premier combat. Donc, chronologiquement, lors de la première journée, Lyes Saker (-60 kg) s'est incliné face au Suisse Ludovic Chammartin. Il a été rejoint le lendemain par Lila Latrous (-57 kg) et Larbi Grini (-73 kg), battus respectivement par la Grecque Ioulietta Boukouvala et le Tadjik Farkhad Rakhimov. Abderrahmane Benamadi (81 kg), champion du monde en 2005, a gagné son premier combat face à l'Argentin Emmanuel Lucenti, avant de s'incliner devant le Croate Marijanovic Tomislav. Sa compatriote Kahina Saidi (-63 kg) s'est aussi fait éliminer d'entrée. Exempte du premier tour, la judoka algérienne n'a pu l'emporter face à la Coréenne Ja-Young Kong. Les deux derniers Algériens à entrer en lice, à savoir Lyes Bouyakoub (-90 kg) et Rachida Ouardane (-78 kg), n'ont pas réussi à «sauver la face» du judo algérien. Bouyakoub s'est incliné dès le premier tour face au Moldave Toma Sergiu, alors que Ouardane a réussi à passer un tour aux dépens de la Kirghize Abdilmanap Kyzy, avant de s'avouer vaincue face à l'Ukrainienne Masyna Pryshchepa. La huitième judoka, en l'occurrence Meriem Moussa (-48 kg) s'est déplacée à Rotterdam, mais sans pour autant prendre part à la compétition. Elle été «éliminée pour absence lors de la séance de la pesée», nous dit-on. En somme, la participation algérienne à ces Mondiaux était des plus décevantes. Au même moment, d'autres nations, notamment arabes, ont démontré qu'elles avancent lentement. A ce titre, il y a lieu de citer les bonnes performances de l'Egypte, qui a réussi à décrocher deux médailles de bronze grâce à Hesham Mesbah (-90 kg) et Ramadan Darwish (-100 kg), ou bien la Tunisie, qui a réussi aussi à remporter une médaille de bronze grâce à Houda Miled (-70 kg). Malgré cela, aucun débat n'est enclenché autour du pourquoi de cette «mésaventure». Personne ne se pose la question de savoir pourquoi des champions olympiques, en l'occurrence le médaillé d'argent de Pékin, Amar Benikhlef, et la médaillée de bronze, Soraya Haddad n'ont pas pris part à ces Mondiaux. Est-ce normal ? Bien sûr que non. Sous d'autres cieux, une telle «affaire» ne passera jamais inaperçue. Pourtant, après les résultats de Pékin, nos deux «idoles» auraient pu être un exemple à suivre pour le reste des judokas algériens, mais certains préfèrent emprunter des chemins inverses sinueux et sans issue… A. A. Amar Benikhlef : une polémique de dernière minute Le vice-champion olympique algérien de judo, Amar Benikhlef (-90 kg) n'avait pas pris part aux derniers championnats du monde de judo qui se sont déroulés à Rotterdam, au Pays-Bas, du 26 au 30 août dernier. «Pour des raisons inconnues jusque-là, Benikhlef était absent à l'aéroport d'Alger et ne s'est pas donc déplacé aux Pays-Bas avec ses coéquipiers», a indiqué à l'APS la chargée de communication à la Fédération algérienne de judo, Mme Zohra Mechti, deux jours avant l'entame de la compétition quand la sélection s'apprêtait à s'envoler vers Rotterdam. «Nous avons essayé de contacter l'athlète, mais sans succès», a-t-elle encore ajouté. Des propos qui ont obligé le judoka à sortir de sa réserve puisque, deux jours plus tard, il a affirmé que son forfait pour les Mondiaux 2009 est dû à une «méforme» et à ses craintes de «passer à côté du sujet» dans ce rendez-vous de très haut niveau. «Je suis vice-champion olympique et j'ai un nom à défendre. Je ne veux pas prendre de risque en participant à une compétition mondiale, alors que je ne suis pas au top de ma forme»,a-t-il expliqué. Benikhlef a ajouté : «J'ai parlé de ce sujet avec mon entraîneur et je l'ai mis au courant trois jours avant le départ pour Rotterdam.» Outre sa «préparation insuffisante», le judoka algérien dit avoir un moral «pas bon» actuellement, ce qui l'a handicapé dans la préparation qu'il a effectuée dernièrement en prévision des Mondiaux. «J'ai essayé ces derniers jours d'atteindre ma forme optimale, mais sans succès», a-t-il précisé avec regret. «En sport de haut niveau, la préparation optimale de l'athlète est primordiale et ne doit s'appuyer sur aucun critère aléatoire», estime Benikhlef. Le même jour, les responsables de la Fédération algérienne de judo réagissent en exprimant leur «surprise» après le forfait de «dernière minute» du judoka Amar Benikhlef. «La FAJ s'étonne et se pose la question sur cette absence de dernière minute» avait indiqué Zahra Mechti. «Une enquête sera effectuée dès le retour de la délégation afin de définir avec précision les causes véritables de cette absence», a-t-elle poursuivi. A. A. Soraya Haddad : une championne en «déperdition» La judoka algérienne Soraya Haddad (-48 kg) n'a pas pris part aux derniers Mondiaux de Rotterdam. Ce qui a «privé» la sélection algérienne d'un potentiel énorme de chances de remporter une médaille. La médaillée de bronze des jeux Olympiques de Pékin aurait pu s'affirmer et s'imposer à ce niveau de la compétition, même si, bien évidemment, du fait qu'elle se soit éloignée de l'équipe nationale depuis un moment déjà, il n'est pas certain qu'elle fût, à ce moment-là, en possession de tous ses moyens et capacités. En tout état de cause, l'absence à des Mondiaux d'une athlète de la trempe de Soraya Haddad est une affaire qui doit en intéresser plus d'un à un niveau supérieur des instances régissant le sport algérien. D'autant que l'Algérie «peine» à faire émerger des champions. Et quand quelqu'un émerge, apparemment, certains ne trouvent pas d'inconvénient à ce que ce potentiel se «perde». Il est utile de rappeler que, selon des informations, le problème de cette judoka a surgi lorsque la Fédération algérienne de judo a nommé Salima Souakri à la tête de la sélection algérienne féminine de judo. A partir de là, S. Haddad a demandé aux responsables fédéraux de continuer à s'entraîner avec son coach habituel. Ce qui lui a été refusé. A ce titre, il y a lieu de citer qu'entre les deux judokas, les choses n'ont pas toujours été «au beau fixe». On se souvient que quelques mois avant les JO, Souakri avait animé, à la maison de la presse une conférence de presse, pour dénoncer «la manière avec laquelle la Fédération –l'ancien bureau en l'occurrence– avait désigné les judokas qui devaient participer aux JO». Sachant qu'elle et Haddad concourent dans la même catégorie (-48 kg), il est clair que Souakri voulait participer, encore une fois, aux JO. Seulement, quelques mois plus tard, Haddad a arraché de Pékin une médaille de bronze. Pour dire que, finalement, le choix des responsables fédéraux a été «payant». En tout cas, quelles que soient les raisons qui ont poussé à cette situation, le fait est que personne n'a le droit de «sacrifier» une médaillée olympique. Tout problème doit trouver rapidement une solution. Sinon, c'est le sport algérien, d'une manière générale, qui en payera le prix… A. A.