De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Le ministre français de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a-t-il tenu des propos racistes, ce qui est indigne d'un représentant de la République, ou est-il victime d'un «lynchage médiatique» comme il l'affirme ? C'est la grande polémique qui secoue la France depuis vendredi et la révélation la veille d'une vidéo enregistrée le 5 septembre dernier lors de l'université d'été de l'UMP.Au cours d'une discussion informelle, M. Hortefeux, ancien ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, se voit présenter Amine Benalia-Brouche, fils d'un Algérien et d'une Portugaise, jeune militant du Parti de la majorité présidentielle. A une militante qui dit «C'est notre… C'est notre petit Arabe», le ministre répond : «Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes.» Cette phrase passe en boucle sur Internet, la vidéo est vue par 800 000 internautes en 24 heures ! La bombe est lancée ! Le ministre est accusé de propos racistes contre les Arabes, démontrant sa véritable nature idéologique loin de ses discours officiels sur l'immigration même s'il applique avec zèle la politiquerestrictive et répressive du gouvernement.Ces accusations émanent de la gauche et du mouvement associatif. La numéro un du Parti socialiste, Martine Aubry, s'est dit «choquée», «consternée» et «[…] ne tolérerais pas que des propos racistes soient tenus dans notre pays». Le porte-parole de ce parti, Bruno Hamon, demande la démission du ministre qui a «tenu des propos honteux et inqualifiables». Réaction également très dure des Verts qui estiment que «[…] la dignité du pouvoir en place s'ébroue encore un peu plus dans le caniveau de sa pensée lepéniste». Pour sa part, le Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) accueille les «propos racistes» de Hortefeux «avec stupeur et sans surprise»«C'est un bon dérapage franchouillard raciste qui n'a rien d'étonnant venant d'un ministre qui mène une politique xénophobe», a affirmé de son côté Aziz Begag, romancier, ancien secrétaire d'Etat. Face à ce tollé de condamnation et de réprobation à la «sortie» du ministre de l'Intérieur, la majorité présidentielle est montée au créneau pour défendre l'un des siens, de surcroît le plus proche du président Sarkozy. Le chef du gouvernement, François Fillon, a dénoncé «une campagne de dénigrement assez scandaleuse». Nora Berra, secrétaire d'Etat chargée des personnes âgées, voit une «cabale médiatique» contre Hortefeux qui «est loin d'être quelqu'un de raciste». Plusieurs autres ministres ont apporté leur soutien à leur collègue. Quant à l'intéressé, il a déclaré être «outré par cette tentative de lynchage médiatique» et «scandalisé par l'exploitation hallucinante de cette affaire». Dans ses déclarations parues hier dans les colonnes de Libération, il refuse de faire la moindre excuse, estimant qu'il y a ni «culpabilité» ni «faute». «Il n'y a eu aucune allusion à quelque communauté que ce soit», a-t-il affirmé. Pourtant, ses propos sont sans aucune ambiguïté, même s'ils ont été exprimés sous la plaisanterie (de mauvais goût et inadmissible). Ils viennent ternir encore plus son image auprès des immigrés et les antiracistes de France, sans exclure leurs effets dans les pays arabes. Est-ce pour atténuer sa «gaffe» que Hortefeux a partagé vendredi le f'tour avec des musulmans de Clermont Ferrand ?