De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Rien ne semble rassurer les producteurs de lait de vache de la wilaya de Tizi Ouzou, région dont les reliefs évoquent la vie pastorale et qui est a priori à vocation agricole. Si quelques-uns tiennent encore le coup au prix de gros sacrifices, beaucoup, sous la pression des charges insurmontables et des contraintes paralysantes, ont cédé. «Les importateurs déclarés et ceux de l'ombre ne veulent pas voir les Algériens produire eux-mêmes et par leurs propres moyens sur leur propre terre, leurs besoins que ce soit pour l'agriculteur ou les autres produits de services. La filière lait, qui a des capacités extraordinaires de production et de développement, est étouffée par l'existence et la persistance de ces pratiques contraires aux intérêts de l'économie du pays», déclarera M. Tahar Sahi, résument d'emblée la situation intenable de la filière. M. Tahar Sahi est membre actif de l'association. Les «contraintes et les blocages» que rencontrent les éleveurs locaux peuvent décourager les plus tenaces. La lenteur dans la délivrance des agréments sanitaires et le retard dans la programmation et l'exécution des dépistages figurent parmi les premiers obstacles qui rendent la vie difficile à ces producteurs. Entre autres, le retard dans la procédure de paiement des primes de génisse (50 000 DA), en raison du cheminement bureaucratique qu'emprunte la procédure (subdivision agricole, DSA, Centre national d'insémination artificielle et l'Institut des techniques vétérinaires). «Logiquement, la prime de génisse doit être perçue dès que l'état de gestation de la vache est confirmé. On se demande pourquoi attendre deux lactations pour nous l'accorder avec des retards qui causent beaucoup de désagréments venant encore compliquer davantage le ‘'manque de coordination'‘ entre la DSA, la chambre de l'agriculture et les assurances», souligne M. Sahi qui revendique au nom d'environ 200 éleveurs producteurs de lait (la wilaya de Tizi Ouzou en compterait quelque 900), l'allégement des différentes procédures d'octroi de subventions en rapport avec l'aménagement des étables, l'irrigation, le fourrage vert, etc. A ce sujet, des éleveurs producteurs de lait dénoncent le non-respect de la nomenclature pourtant élaborée par la tutelle. «Prenons, par exemple, le chapitre relatif à la modernisation des infrastructures d'élevage bovin laitier. Dans notre wilaya, les responsables en font une lecture tronquée. Pour eux, il s'agit uniquement de l'aspect intérieur de l'étable alors qu'en réalité ce passage du texte englobe tout ce qui a un rapport avec les points qui permettent le développement de la filière lait, les techniques d'élevage, les moyens, etc.» L'association des éleveurs producteurs de lait de la wilaya de Tizi Ouzou, née en 2006, a réalisé une étude sur le prix du lait et dont les résultats ont été rendus publics le 15 novembre 2008 et transmis au ministre de l'Agriculture et du Développement rural en décembre de la même année. Cette étude avait démontré que le prix de revient d'un litre de lait est de 73,46 DA au moment où celui-ci est actuellement acheté aux concernés à un prix «dérisoire» de 30 DA. «Ce prix de revient a été obtenu sans le calcul de données de l'amortissement de l'investissement qui ont leur importance dans ce genre d'étude. Si les incidences de l'amortissement de l'investissement ont été incluses dans l'étude, on aboutira à un prix de revient qui dépassera de loin les 30 DA appliqués par les services de l'Etat», indiquera M. Sahi qui ramène à 40 DA la proposition de tarification d'un litre de lait pour les collecteurs «afin d'arriver à des revenus conséquents pour les éleveurs».