Dans le but de cerner leurs activité et production, les éleveurs comptent créer leur propre organisation avec pour mission le maintien d'un prix fixe pour l'ensemble des vendeurs. C'est la galère des éleveurs et producteurs de lait cru dans la wilaya de Tizi Ouzou. La situation risque de s'acheminer vers une pénurie inéluctable de ce produit vital. Et pour cause, le nombre des éleveurs diminue inexorablement au point de susciter une véritable inquiétude quant à l'avenir de cette filière à Tizi Ouzou. Les concernés tirent, une fois encore, la sonnette d'alarme. Les indicateurs de «survivance» de la filière sont au rouge. Nombreux d'ailleurs, sont ceux qui menacent de mettre la clé sous le paillasson si la politique agricole prônée jusque-là par l'Etat continue à marginaliser cette activité. Il y va des centaines d'éleveurs et des milliers d'emplois à préserver, en plus de la production du lait elle-même menacée. L'Etat en est certainement conscient. L'importation de la poudre de lait par milliers de tonnes à elle seule n'arrive toujours pas à endiguer la pénurie de la matière finie destinée à la consommation. La filière lait va mal, très mal. Les éleveurs, eux, sont déterminés à s'organiser de manière à rester toujours dans le sillage de leurs revendications. Mieux, ils envisagent de créer une coopérative, histoire de centraliser la vente de cette denrée devenue contraignante pour les bourses publiques et des ménages. C'est une sorte de cartel que comptent ainsi créer les éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou dans le but de cerner leurs activités et production. Le cartel des producteurs de lait cru aura pour mission de réguler le prix de vente pour l'ensemble des vendeurs. C'est ce qu'a affirmé le président de l'association des éleveurs et producteurs de lait de la wilaya de Tizi Ouzou à l'issue d'une assemblée générale tenue à Ouaguenoun. M.Hannachi a tenu, en effet, à préciser que «la situation est devenue très difficile pour l'ensemble des éleveurs de la vache laitière, d'autant plus que la wilaya a ses spécificités qui rendent notre mission très intenable. Les lenteurs de l'administration piétinent considérablement notre travail surtout lorsqu'on sait que la subvention pour le lait cru est de seulement 7 dinars le litre depuis 2000. Cela nous décourage énormément». Notre interlocuteur nous a fait remarquer que l'augmentation du prix du lait est la seule motivation qui pourrait maintenir les éleveurs dans leur travail. «Alors que le prix de revient d'un litre de lait cru coûte à son producteur 55DA, son prix de vente atteint péniblement la barre des 30 dinars; dans les meilleures offres, il est acheté à 31 dinars. Malgré la rareté de ce produit sur le marché, nous nous retrouvons écartés par la loi de l'offre et de la demande, sous prétexte que le produit est de première nécessité. Nous nous demandons où va notre filière face aux spéculations qui ne respectent aucune règle économique», indique M.Hannachi. Pour cet éleveur, la mise sur pied d'un centre de collecte collectif permettra de réguler la filière et lui donner un poids dans les négociations de marché. Mais la question qui se pose est celle de savoir si la création d'un cartel du lait cru n'envenimera pas la crise d'approvisionnement de cette denrée? la question ne devrait pas être posée de la sorte, dit Hannachi, car il estime que la filière est menacée dans son existence, notamment depuis que l'Etat lui a tourné le dos, à la faveur de l'importation tous azimuts de la poudre de lait. Les 700 éleveurs et producteurs de lait agréés par la direction des services agricoles de la wilaya de Tizi Ouzou font face, en effet, à moult aléas qui perdurent toujours sans que cela n'inquiète, outre mesure, les services concernés pour alléger les conditions intenables dans lesquelles se morfond la filière, souligne le président de l'association des éleveurs de Tizi Ouzou. Celui-ci citera, à titre d'exemple, les prix des engrais qui ont été revus à la hausse. Une flambée qui rend le coût de production des aliments verts encore plus chers. Sur sa lancée, il citera les retards dans la perception des primes de l'Itev et de la Crma. Des subventions, explique-t-il, qui concernent la vache laitière depuis l'insémination de la génisse jusqu'à 18 mois de sa vie, une mesure qui avait été prise par l'Etat pour encourager la multiplication des vaches destinées à la production de lait cru. Le programme du Fonds national du développement rural et agricole (Fndra) a été également mis à l'index par l'association des éleveurs de la wilaya de Tizi Ouzou, accusé de faire plus dans la surenchère que dans l'appui à l'activité agricole. Cela se traduit, à en croire M.Hannachi par des prix pratiqués sur le matériel sujet à subvention. «On pratique un double prix sur tout ce que nous envisageons d'acquérir via ce dispositif. On nous annonce un prix d'avant acquisition et un autre dès que nous formulons nos dossiers. Cela est encore plus grave, car les assurances nous exigent également de payer des souscriptions sur des produits non acquis si par malheur ceux-ci figurent dans la facture pro format.»