Photo : Riad Par Abdelkrim Ghezali Le ministère de l'Education exige des élèves, notamment ceux des cycles primaire et moyen, des produits non disponibles sur le marché national. Est-ce sérieux ? Les élèves qui ne portent pas de blouse rose et bleue ne sont pas admis dans les établissements scolaires. Quand les pouvoirs publics imposent des normes, ce qui est normal, ils sont les mieux placés pour savoir si ces normes sont opérationnelles ou pas. Manifestement, ce n'est pas le cas du ministère de l'Education qui ne semble pas avoir fait une étude de faisabilité de cette exigence. Aucune concertation n'a vraisemblablement été faite entre le ministère de l'Education et les secteurs concernés, en l'occurrence le commerce et la PMI-PME. Ould Abbes, qui a signé en été des conventions avec certaines PME pour, d'une part, la confection des blouses bleues et roses et, d'autre part, pour aider les jeunes promoteurs, semble avoir agi tardivement puisque la demande dépasse de loin l'offre, ce qui a favorisé une spéculation sur ces blouses, dont le prix est passé en l'espace de quelques jours de 250 à plus de 1 000 DA. Ainsi, le manque de blouses roses et bleues, au-delà des nuances de couleurs, devient une affaire sociale et révèle les improvisations et les contradictions d'une tutelle qui ne semble pas connaître la réalité du marché et surtout la réalité du secteur du textile algérien en souffrance et en dépérissement depuis des années. Faut-il donc importer ces produits pour que tous les élèves puissent rejoindre les bancs des classes sans risque d'être renvoyés. Cet autre problème, créé de toutes pièces, s'ajoute à la surcharge des classes et à l'emploi du temps anti-pédagogique imposé par des choix insensés juste pour sacraliser une journée qui n'a rien de sacré. Remettre de l'ordre dans le secteur de l'Education et rendre à l'école ses lettres de noblesse nécessitent une réflexion globale sur une politique nationale de l'enseignement qui revalorise les connaissances et les cadres du secteur avant d'aller vers des détails secondaires comme celui de la couleur du tablier. Que l'on exige un tablier pour tous les élèves, c'est une mesure juste, mais que l'on impose des couleurs qu'on est incapable de fournir, c'est le comble de l'ironie.