à moins d'un mois de son entrée en vigueur (1er octobre), la décision de décongestionner le port d'Alger à travers l'interdiction aux navires transportant du rond à béton, des produits alimentaires et des marchandises non conteneurisés d'accoster au port d'Alger a créé une polémique entre le ministère des Transports et les concessionnaires automobiles. Si la majorité des opérateurs économiques intervenant dans l'importation des produits concernés n'ont pas réagi à cette décision, ce n'est pas le cas des concessionnaires automobiles. Lesquels ont fait beaucoup de bruit au tour de cette question ces derniers jours. Jugeant le délai (trois mois depuis l'annonce) trop court pour s'adapter au changement, les concessionnaires, contrairement aux importateurs des autres produits, ont, faut-il le rappeler, demandé la prorogation de ce délai. Le niet du ministère des Transports qui maintient la date du 1er octobre pour entrer dans l'ère de la décongestion du port d'Alger n'a rien changé à la réaction des concessionnaires qui veulent apparemment maintenir la pression sur les pouvoirs publics pour arracher un rallongement du délai et se préparer ainsi pour débarquer les véhicules importés aux ports de Djendjen, de Mostaganem et de Ghazaouet où il faudrait consentir d'autres investissements pour la réception des car-ferries puisque les conditions ne sont pas assurées. Pour les concessionnaires, ce changement conjugué à la hausse de l'euro sur le marché international pourrait même engendrer une hausse des prix des véhicules que le consommateur ne pourra supporter. En brandissant l'arme des prix, l'Association algérienne des concessionnaires automobiles (AC2A) réussira-t-elle à voir ses doléances satisfaites auprès du gouvernement en le poussant à revoir sa copie lors du conseil interministériel prévu à cet effet ? Le temps nous le dira. Mais, ce qui certain, c'est que cette affaire continuera de faire couler de l'encre d'autant que la tâche s'annonce rude, aussi bien pour les gestionnaires des infrastructures portuaires que pour les opérateurs économiques. Et ce, même si la première opération a déjà eu lieu au port de Mostaganem où 400 véhicules ont été débarqués mardi dernier dans de bonnes conditions. Pourquoi donc tout ce bruit autour de cette nouvelle mesure ?Certes, le mieux aurait été pour le gouvernement de lancer le débat avant d'opter pour un tel changement, certes salutaire pour le port mais dont les risques sont importants. Mais il aurait été également nécessaire pour l'AC2A d'associer les importateurs touchés par cette mesure pour réussir à convaincre. Car, si les pertes s'annoncent importantes dans le secteur automobile, elles le sont aussi pour les industriels agroalimentaires qui travaillent à 80% avec des matières premières importées (poudre de lait, farine…) et dont le déplacement de la zone de débarquement aux usines engendrera des dépenses supplémentaires. S. I.