Pour illustrer la combinaison «réussite scolaire et sport d'élite», le plus simple serait sans doute de souligner que Rabah Saadane, présentement sélectionneur national, est un pur produit du sport scolaire. Avant d'atterrir dans un club, dans une logique linéaire, il a fait ses classes de footballeur au lycée Hihi El Mekki, à Constantine, en passant par une sélection universitaire. Forcément.Nous citons Saadane parce qu'il est l'un, sinon le seul de sa génération à être encore en activité dans le domaine. Mais il y a eu de grands commis de l'Etat qui ont suivi le même cursus, des médecins, professeurs et chirurgiens de renommée internationale, un ministre et nous en passons.La réciproque est toutefois vraie. De grands talents, sinon les meilleurs parmi les footballeurs algériens, ont donné ce qu'il y a d'exceptionnel au football national à quelque niveau que cela soit, et cela sans pour autant avoir été bien loin dans leurs études. C'est sans doute l'estampille naturelle des grands champions, qui est aussi l'apanage des autres nations. Nous ne citerons pas les nôtres, cela ferait arbitrairement de l'ombre à des réputations hors du commun quoique leur renommée soit de notoriété publique. Tous les Algériens les reconnaissant parce qu'ils ont eu tout d'abord à les apprécier pour les inégalables moments de joie vécus et à les remercier pour tout ce qu'ils ont donné au pays.Cela étant, les pouvoirs publics croient encore possible de parvenir à la réussite générale en enjoignant par décret la réhabilitation du sport scolaire, lequel contribuerait à l'émergence de l'ensemble des disciplines, et certainement, d'une manière plus particulière le football qui reste le sport le plus vulgarisé et, serions-nous tenté de dire, à la limite, patrimoine génétique des enfants algériens. Or, ces enfants sont appelés à devenir grands et, pour peu qu'ils frayent dans un terreau propice, ils pourraient matérialiser d'abord leurs propres désirs mais également justifier les espoirs que peuvent placer en eux leurs parents d'abord et ensuite les intervenants extérieurs, responsables d'établissements scolaires et universitaires, de clubs et ensuite des instances nationales et parfois… internationales. La rue, avant l'école, a fourni et continuera de fournir, et cela est incontestable. Elle a été le plus important formateur de l'élite sportive, toutes natures confondues, (l'opportunité nous a été donnée il y a plus de vingt ans de voir dans quelles conditions frustes et quel environnement naturel hostile s'entraînait Hassiba Boulmerka à Constantine. Sa réussite postérieure n'étant due qu'à ceux qui ont cru en elle, à commencer par son premier entraîneur. Ensuite, les pouvoirs publics qui ont pleinement saisi l'importance du réservoir intarissable que peut constituer le milieu universitaire, et donc assumé l'accompagnement des sportifs aux réelles prédispositions à assimiler une prise en charge scientifique à même de bonifier, voire de maximiser leurs potentialités à telle enseigne que l'Etat décida de mieux structurer le championnat universitaire pour ensuite lancer sous une forme plus ou moins sujette à caution des clubs représentatifs du secteur de l'enseignement supérieur en récupérant enfin le sigle d'associations civiles déjà existantes mais en déclin. Bien évidemment dans ce cas de figure, l'effet a précédé la cause en ce sens, quitte à le répéter, que les institutions concernées ont récupéré des sportifs affirmés pour en faire des prototypes d'une réforme mitigée et à la réussite décrétée au moment où c'est l'inverse qui aurait dû être fait, en toute logique. Quoi qu'il en soit, le sport à l'école, il ne suffit pas seulement d'en parler, de voter, faire voter pour ensuite se suffire d'affecter des sommes pharamineuses en laissant croire ensuite que l'Etat n'a jamais cessé de consentir les plus grands efforts financiers pour l'excellence de la pratique sportive. Il s'agirait plutôt de penser et mettre en place une formule, en fait une politique, à même de créer les conditions idoines pour le bon fonctionnement de la mécanique. Il ne s'agit pas d'acheter des ballons, des perches sophistiquées pour les sauteurs, des maillots de bains hydrodynamiques aux nageurs pour reprocher un jour aux athlètes leurs contre-performances alors que dans les écoles que d'aucuns prônent ou décrètent comme la rampe de lancement de la pratique sportive, les enfants ne disposent pas d'espace où évoluer ni de ballons. Pas de chronomètres pour leurs professeurs d'éducation physique, des éducateurs aux compétences douteuses et surtout des moyens ridicules de récupération. Attendre donc de l'école qu'elle devienne l'antichambre des disciplines sportives et un terreau relève de la gageure dans la mesure où depuis qu'en sport ont été décidées et introduites des réformes, le secteur ne s'en est plus relevé. Et les rares exceptions constituant bien entendu... l'exception parce qu'il en faut quelle que soit la situation. Enfin pour en revenir à l'exemple de Saadane et sans doute de Mouldi Aïssaoui, Lalla, Abdouche, Adlani, Bachi et tous les autres, il ne faudrait surtout pas occulter qu'à l'origine ils venaient de la rue d'abord…CQFD. A. L.