Le sport algérien est en permanente régression depuis plusieurs années. Le constat est partagé par tous les acteurs de la scène sportive nationale, même si les visions divergent quant aux solutions qu'il faut envisager. En somme, l'un des problèmes fondamentaux auxquels fait face le secteur est sans aucun doute l'absence de formation, notamment au sein des clubs -un phénomène qui touche toutes les disciplines et pas seulement le football- qui ne sont intéressés que par les résultats immédiats. Ainsi, la majorité des dirigeants, du moins ceux qui disposent de moyens financiers, ne font que recruter des joueurs (une situation beaucoup plus perceptible dans le football puisque c'est le sport le plus suivi), pour leurs catégories seniors A, à coup de milliards, délaissant complètement les petites catégories ou la formation. Cela fait que les clubs algériens, à de rares exceptions, n'arrivent plus à s'imposer, sur le plan régional ou continental, et notre équipe nationale est majoritairement composée de joueurs évoluant à l'étranger. Bien évidemment, il n'est nullement question de remettre en cause le droit de ces footballeurs d'évoluer en équipe nationale -bien au contraire, leur apport est très important- mais il est utile quand même de relever que les prestations des Verts ne reflètent en rien le niveau de notre championnat. Ce qui démontre le mieux l'état de «déliquescence» dans lequel se retrouve notre sport en général et le football en particulier, c'est le fait que l'Algérie n'a pas exporté un joueur vers un championnat étranger d'un niveau appréciable depuis plusieurs années. Le dernier en date est peut-être Rafik Saïfi. Même s'ils sont pétris de talent, les footballeurs algériens manquent énormément de formation académique leur permettant éventuellement d'évoluer et d'arriver à rivaliser avec le haut niveau. Entre-temps, les clubs algériens continuent de «naviguer à vue». D'ailleurs, il faut noter que la Fédération algérienne de football (FAF) a été «obligée» de mettre sur pied une académie (ACFAF) afin de former une équipe nationale des moins de 17 ans, qui soit compétitive, pour participer au Mondial de la catégorie prévu au mois d'octobre prochain au Nigeria (la sélection algérienne est arrivée en finale de la Coupe d'Afrique au mois d'avril dernier en Algérie). Logiquement, ce sont les clubs qui sont censés former des joueurs. Des classes «sport–études» dans huit autres wilayas Dans ce même ordre d'idées, les ministères de la Jeunesse et des Sports et de l'Education nationale ont lancé conjointement, depuis la saison passée, des classes «sport–études». Pour l'année scolaire qui vient tout juste de démarrer, en plus des 87 établissements ouverts dans une trentaine de wilayas l'année dernière, 8 autres wilayas ont rejoint cette «nouvelle dynamique» à travers l'ouverture de nouvelles classes «sport-études» pour des disciplines identifiées comme porteuses pour la région. Le choix cette année sera plus large pour les élèves-athlètes qui auront à opter, en plus des quatre sportifs collectifs, pour l'athlétisme la boxe, la natation, le karaté, le judo, la gymnastique, le tennis de table et la lutte. A titre d'exemple, six classes «sport-études» ont été lancées dans la wilaya de Mila. Ces classes accueilleront 194 élèves issus des écoles de football et de certaines associations. La direction de la jeunesse et des sports de cette wilaya se chargera d'assurer l'encadrement technique des nouvelles classes qui dispenseront les cours dans la matinée pour se consacrer, l'après-midi, à la pratique de différentes disciplines sportives. Les élèves de ces classes bénéficieront du régime de la demi-pension afin de permettre aux encadreurs de mettre en œuvre un programme qui tienne compte des aspects pédagogique, technique et nutritionnel, indique-t-on. Toujours dans cette même logique, trois nouvelles classes du genre ont été ouvertes à Tébessa. Des structures qui s'ajouteront aux quatre premières classes lancées au début de la dernière année scolaire. C'est dire que le processus est en train de faire son chemin, d'autant plus que les autorités se sont fixé comme objectif de toucher la quasi-totalité des wilayas. Il est clair qu'il est encore trops tôt pour faire des bilans. Les résultats de ce genre d'opération ne seront «visibles» que dans quelques années. Mais, le plus important, du moins pour l'instant, c'est-à-dire avant de faire les bilans, est que les jeunes férus de sport, puissent s'adonner à leur discipline favorite sans incidence fâcheuse sur leur cursus scolaire. Même les parents, de la sorte, seront plutôt rassurés. Des académies pour le football En dernier lieu, il est utile de signaler qu'il y a également le Centre national de la formation sportive en football, sis à Sidi Moussa, dont les travaux sont achevés. Il ne reste que l'installation définitive des équipements afin qu'il soit fonctionnel. Ce centre comprend trois terrains de football (deux en gazon naturel et un en tartan), des chambres pour l'hébergement, des salles de récupération, etc. Ce sera certainement d'un grand apport pour le football national. D'autant plus que la FAF a lancé d'autres promotions de son académie. Comme indiqué plus haut, la première, l'équipe nationale cadette, qui s'est qualifiée au Mondial, a été lancée il y a un peu plus de deux ans. Drivée par le duo Ibrir–Medanne, elle a été en regroupement permanent au Lycée sportif de Draria (Alger). Apparemment, cette initiative a porté ses fruits, et la FAF a récidivé en lançant deux autres promotions (U15 et U16). Ces deux dernières ont entamé leurs entraînements durant le mois d'août dernier. Ce regroupement entre dans le cadre de la préparation pour le championnat des jeunes, à savoir le championnat interrégions des juniors pour les U16 et le championnat interrégions des cadets pour les U15, a-t-on indiqué sur le site de la FAF il y a plusieurs semaines. Ces deux sélections, qui ont été mises en place dans le cadre de la préparation de l'équipe nationale U20 de 2013 et celle U17 de 2011, disputeront donc des matches avec des équipes dont les joueurs sont plus âgés qu'eux d'un an. Le même procédé a été appliqué à la sélection algérienne des U17. Tout cela démontre on ne peut mieux que les responsables de la FAF (actuels ou les précédents puisque la sélection des U17 a été lancée du temps de Hamid Haddadj) sont conscients de la nécessité de la formation dans le football. Mais, le problème névralgique est toujours là. Que font les clubs algériens pour former des joueurs ? Quant aux autres disciplines sportives, la situation est peut-être pire. Si l'on exempte le sport d'élite, où certains athlètes ayant démontré de grandes qualités sont sérieusement pris en charge, au niveau de la base il n'y a pas grand-chose qui se fait. A moins que les dirigeants actuels des clubs algériens –hormis quelques-uns comme le Paradou AC qui a lancé il y a deux ans une académie du football avec le spécialiste Jean-Marc Guillou– ne peuvent plus suivre le rythme et être au diapason avec ce qui se fait ailleurs. Dans ce cas-là, la solution doit être forcément plus radicale… A. A.