Le secrétaire au Trésor des Etats-Unis, Timothy Geithner, a déclaré que la croissance économique semblait gagner en dynamisme aux Etats-Unis et que le sommet du G20 s'emploierait à faire en sorte que la reprise économique soit équilibrée. «Nous en sommes au tout début de cette reprise [...] Il faut faire en sorte de ne pas lâcher prise pour que nous ayons une reprise qui s'auto-entretienne, emmenée par la demande privée, et un système financier qui puisse réellement fournir le crédit nécessaire», a-t-il expliqué. Le sommet du Groupe des Vingt (G20) se tiendra les 24 et 25 septembre à Pittsburgh, et Timothy Geithner a dit qu'il ferait le point sur l'économie mondiale et que le but était d'assurer une croissance de meilleure qualité à l'avenir. «Le but est de s'assurer qu'alors même que nous sortons de cette crise, nous établissions les fondations d'une reprise plus équilibrée et plus durable ; tel est l'ordre du jour», a encore dit le secrétaire au Trésor cité par l'agence de presse Reuters. Les Etats-Unis souhaitent que le G20 définisse les conditions d'une hausse de la croissance dans des pays exportateurs tels que la Chine, l'Allemagne et le Japon, tout en développant l'épargne et en réduisant la consommation de pays en déficit et gourmands en importations tels que les Etats-Unis eux-mêmes. De son côté, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, a déclaré que les membres du G20 ont les mêmes priorités mais pas dans le même ordre, rapporte Reuters. Elle s'est dite convaincue que le sommet du G20 déboucherait sur des évolutions positives. «Chacun voit -et ce n'est pas tout à fait inhabituel- midi à sa porte. Ce qui est heureux, c'est qu'on a tous le même agenda, on ne place pas les priorités nécessairement dans le même ordre», a déclaré Christine Lagarde devant les membres de l'Association des journalistes économiques et financiers (Ajef). Pour la France, les priorités sont les bonus bancaires, les paradis fiscaux et l'harmonisation des règles comptables. La Grande-Bretagne s'intéresse, quant à elle, d'abord au soutien de l'économie et la Chine, l'Inde et le Brésil à leur représentation dans les instances internationales, a-t-elle dit. «Je ne sais pas sur quel point particulier on aura une démonstration éclatante de ce que le pouvoir politique peut quelque chose mais je suis convaincue qu'on est en train de changer les choses», a-t-elle ajouté. «C'est un défi parce qu'un certain nombre de places [financières] se trouvent bien évidemment en concurrence», a-t-elle souligné. Citant Wall Street et la City, elle a déclaré que «c'est sur ces deux terrains-là qu'on rencontre clairement une force de résistance aux propositions de régulation que nous avons mises sur la table et dont nous discutons actuellement jour et nuit». Sur les bonus, «nous avons posé les principes d'un encadrement très précis» : pas de bonus garanti, paiement différé sur trois ans, bonus-malus, comité des rémunérations et transparence, a dit Christine Lagarde. «Sur tous ces points-là, nous sommes absolument déterminés et pas prêts au compromis.» «En revanche, sur l'idée qui consiste à dire : par tête de pipe on mettra un montant X assorti d'une devise, il faut être un peu réaliste, ce n'est pas particulièrement effectif», a-t-elle ajouté. Sur les paradis fiscaux, la question des sanctions reste à régler, la France souhaitant des sanctions à partir de mars 2010 contre ces pays et les institutions qui travaillent avec eux. Avant même de fixer une date, «il faut se mettre d'accord sur le principe des sanctions, ce n'est pas encore joué», a-t-elle dit. «A minima, ce que j'espère qu'on pourra obtenir à la sortie du G20, c'est la nécessité pour tous les acteurs d'identifier les zones géographiques très précisément où ils exercent leur activité», a-t-elle ajouté. «Ensuite, il appartiendra aux uns et aux autres de prendre, par exemple, des mesures fiscales.» La question du renforcement des exigences en capital pour les banques fait également l'objet d'âpres négociations. D'ici à l'ouverture du G20, «nous utilisons chaque minute pour être sûrs que nous parviendrons à un consensus», a dit Christine Lagarde, en se réjouissant que le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, ait dit que les Etats-Unis appliqueraient les règles dites de Bâle 2 sur les capitaux propres des banques. Dans ce contexte, les menaces de sanctions contre les paradis fiscaux et les banques qui refusent la levée du secret bancaire sur les comptes de personnes suspectes de fraude fiscale et/ou de blanchiment d'argent, portent leurs fruits. Le ministre français du Budget, Eric Woerth, a signé des accords d'échange de renseignements fiscaux avec le Liechtenstein, Andorre et Saint-Marin, dans la continuité des engagements du G20 d'avril. Le ministère du Budget précise dans un communiqué que des signatures par échanges de lettres sont en cours avec Gibraltar, les îles Caïmans, et les îles Turks et Caïcos. «La France est en passe d'être le premier pays à disposer d'un réseau d'accords d'assistance administrative pleinement conformes aux standards internationaux couvrant l'ensemble de l'Europe», peut-on lire dans le communiqué. Ces accords font suite à d'autres signés avant l'été avec Guernesey, Jersey, l'île de Man, et aux avenants aux conventions bilatérales signés avec la Belgique, le Luxembourg et la Suisse. R. C.