De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Une belle voix suffit largement pour devenir un chanteur dans notre pays. D'autres gens peuvent toujours s'occuper de l'écriture des textes et de la composition de la musique. Donc, ils sont rares les chanteurs qui savent lire le solfège, et pour cause, l'enseignement de la musique reste sans grande importance pour les responsables des secteurs concernés, ceux de la culture et de l'éducation nationale. Dans la wilaya de Tizi Ouzou où se trouvent des centaines de chanteurs entre amateurs et professionnels, l'enseignement de la musique reste à la limite du négligeable dans la mesure où aucune école de musique (plutôt un conservatoire) n'y a été réalisée comme le souhaitent beaucoup d'artistes et de gens concernés par l'activité artistique dans la wilaya de Tizi Ouzou en particulier et dans la Kabylie en général. Dans le secteur de l'éducation nationale, l'éducation musicale est dispensée seulement dans certains établissements scolaires de la wilaya, selon la disponibilité des postes budgétaires alloués de façon sporadique. Les quelques établissements du moyen et du secondaire qui dispensent des cours de musique comptent beaucoup plus sur les enseignants vacataires que les titulaires qui, en plus de leur diplôme en musique, doivent encore présenter un diplôme d'enseignement délivré par l'ENS de Kouba pour prétendre enseigner dans un établissement scolaire dans le cadre d'un poste budgétaire. Les vacataires qui ne présentent que leur diplôme en musique, peuvent toujours demander l'accord d'un chef d'établissement et le présenter au niveau de la direction de l'éducation pour pouvoir occuper un poste. Et c'est tout naturellement que les concernés choisissent toujours des établissements situés dans les centres urbains et que les écoles des localités reculées restent dépourvues d'enseignants de musique.Ce problème d'enseignants et leur statut semblent empêcher les responsables de l'éducation nationale de mettre en œuvre un programme aussi intéressant qu'ambitieux. Parce qu'à l'origine, il était question d'enseigner les arts en général au niveau des établissements scolaires du moyen avant de proposer une certaine spécialisation dans les lycées comme cela se passe avec les autres matières. Cela n'a pu être appliqué, du moins pour l'instant. Il reste que l'enseignement de la musique dans les établissements scolaires ne peut être que de l'initiation dans la mesure où un conservatoire de musique est plus que nécessaire pour produire de bons musiciens et de bons professeurs de musique. Il faut dire d'un autre côté que la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou dispense au sein de plusieurs de ses ateliers des cours de musique et de différents instruments en direction des enfants et des jeunes, et même parfois des adultes. Et comme au sein des établissements scolaires, cela relève du domaine de l'initiation et les élèves qui suivent ces cours ont peu de chances de devenir un jour des professionnels de la musique. D'où la nécessité de réaliser un conservatoire de musique appelé à produire des musiciens capables de relever un tant soit peu le niveau musical de nos artistes afin de créer des œuvres dignes de ce nom au lieu de se contenter de chansonnettes à faire danser dont la pauvreté des textes est tragique.