De notre correspondant à Tizi Ouzou Malik Boumati Cela fait longtemps que les Algériens ont perdu la passion de la lecture. Et ce n'est pas seulement à cause des prix affichés chez les libraires du coin. Les gens ne lisent pas tout simplement parce que cet autre aspect de l'instruction ne leur a pas été inculqué dès leur jeune âge. En clair, les parents et l'école algérienne n'ont pas été efficaces dans l'encouragement de la lecture auprès des enfants. A Tizi Ouzou, comme dans les autres wilayas du pays, le livre a perdu sa place dans la vie quotidienne du citoyen. On voit rarement, aujourd'hui, des gens ouvrir des livres dans les bus où, il faut le signaler, les films d'action et la musique avec de forts décibels restent la préférence des transporteurs mais aussi des passagers. Exemple : dans le car qui dessert Alger à partir de Tizi Ouzou, la lecture reste impossible même quand un passager est muni d'un bouquin pour le lire, à cause justement du bruit produit par la musique ou le film diffusé tout au long du trajet. Mais le problème de la lecture à Tizi Ouzou reste plus profond que cette histoire de bruit ou de déconcentration dans un autocar. La lecture n'est pas une activité qu'on peut découvrir tard. Du moins, ce ne sera pas du tout facile d'apprendre à aimer la lecture une fois adulte. Mais il faut l'inculquer à l'enfant tant que son cerveau est vierge. Lui apprendre à aimer la lecture et ce rôle ne peut être joué que par les parents et l'école. Il faut dire à ce sujet que cela n'est pas encore courant dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les parents ont d'autres chats à fouetter et avec la scolarité de leurs enfants, ils ne s'occupent que des choses nécessaires ou des devoirs quotidiens. Cela quand les parents sont conscients de l'importance de la lecture. En plus, la situation socioé-conomique de la population n'encourage pas les parents à faire des dépenses supplémentaires qui pourraient être considérées comme superflues. Beaucoup de parents ne sont pas assez instruits pour aider leurs enfants déjà dans leur scolarité et ne sont même pas conscients de la nécessité d'initier leur progéniture à la lecture. Il existe, néanmoins, une certaine catégorie de parents qui, et c'est une nouvelle tendance, ne lésinent sur aucun moyen pour parfaire la scolarité de leurs enfants en les encourageant, notamment, à aimer la lecture et à «dévorer» des bouquins à tout bout de champ. Il y a quelque temps, un éditeur de livres installé à Tizi Ouzou n'a pas manqué de dire son émerveillement devant des enfants qui viennent lui acheter des classiques de la littérature universelle. Des enfants en majorité inscrits dans des écoles privées et incités à lire avant tout par les parents et, ensuite, par leurs enseignants. Ce n'est pas le cas de l'école publique qui ne fait pas de la lecture une activité importante. Des dizaines d'établissements scolaires dans la wilaya de Tizi Ouzou ne disposent même pas de bibliothèques et même quand ils en disposent, elles sont encore très peu alimentées au grand dam de tous les élèves de la wilaya. Surtout que l'implication des écoles dans l'achat de livres au profit de leurs bibliothèques pourra inévitablement faire baisser les prix du livre, selon toujours le même éditeur qui explique cela par l'augmentation du nombre de livres à l'impression synonyme de baisse du coût. Donc, la lecture reste à réinventer à Tizi Ouzou où les bonnes habitudes d'antan ont disparu au profit d'une vie plus speed où le temps manque et où la pression augmente de plus belle alors que le concept même de livre de chevet a complètement disparu de notre vocabulaire.