Si la culture peut être assimilée, d'une manière générale globalisante, à la totalité d'une réalité sociale, le concept aujourd'hui intègre un ensemble de techniques, de technologies, de managements et d'industries inédits qui transforment la culture et agissent sur la réalité sociale. Dans les pays développés, les vacances d'été, de fin d'année et les autres commémorations d'envergure nationale ou régionale jouent comme des marqueurs culturels. Ce sont des indicateurs précieux au plan local et régional qui renseignent sur l'attachement à des traditions (équestres, culinaires, musicales, vestimentaires…), leur conservation qui en font des fondements et des liants entre les générations, constitutifs d'une culture nationale dont la mise en scène intègre le tourisme, le commercial, le convivial et le festif qui fédèrent autour d'appartenances. Les grandes vacances d'été, la fin de l'année et même le passage d'une saison à une autre, les vacances scolaires et universitaires qui indexent des tranches d'âge ne sont pas seulement et simplement considérés comme des transitions temporelles anodines, dans des nations où le temps a une valeur d'échange et d'usage hors de prix. Sur la base de calendriers, les pouvoirs publics et les opérateurs privés planifient une, voire deux années à l'avance, des productions, des importations de films, de ballets, d'orchestres dans tous les genres, les saisons théâtrales, des festivals parfois par centaines… Les objectifs sont ainsi définis très tôt avec leur logistique, leurs financements, leur management, leur publicité, leurs réservations pour les transports, leurs mécènes, le tout soutenu par des études de marché… Le plus grand sérieux et toute la rigueur sont les règles fondamentales car la culture met en branle des industries, des PME, de la sous-traitance, l'hygiène et la sécurité et un grand travail de proximité avec la presse et les médias. En Algérie, les saisons et les fêtes se suivent et se ressemblent à l'identique. Seul le thermomètre fait la différence entre des activités routinières, reconduites à l'intérieur ou en extérieur. Les jours fériés ne sont pas synonymes de bruits, de couleurs, de retrouvailles bruyantes qui voient les populations, tous âges et sexes confondus, faire la chaîne devant les cinémas, les musées, les théâtres et les opéras pour apprécier les nouveautés et les richesse du monde aux plans culturel et artistique. Ce ne sont pas non plus les périodes où grimpent les chiffres d'affaires, le tourisme et durant lesquelles on recharge les accus, en évacuant le stress et les contraintes de tous ordres. Ces périodes bénies par les consommateurs, les producteurs, les créateurs, le fisc et la classe politique qui y voit des soupapes, des pauses faites de joies et de plaisirs partagés sur tout un territoire sous d'autres cieux, sont autre chose ici. Durant ces périodes où sont cumulées la sieste, la fainéantise, la marche au ralenti, l'Algérie affiche les fermetures des commerces, une léthargie, une baisse de toutes les productivités. C'est toute la différence entre les pays où la culture est une économie et des industries d'où les pétards et autres produits dangereux (bientôt le grand Aïd) sont prohibés et ceux des mornes saisons administratives. A. B.