De notre correspondant à Constantine A. Lemili Sur le terrain, de la polémique s'entend, le derby ne semble plus être l'affaire que des deux présidents de club qui n'arrêtent pas directement ou indirectement de se crêper le chignon par presse interposée. Le derby constantinois, dont la première manche se déroulera aujourd'hui, n'intéresse plus personne ou du moins les vrais supporters des deux clubs. Le reste n'étant que des jeunes, avec leur propension à s'éclater pour n'importe quelle raison, qui trouvent un exutoire à cette occasion. La preuve de cette désaffection est témoignée par la vacance de la place jouxtant la maison de la culture, une place réputée bastion des Sanafir il y a seulement une année et livrée à leur débordante folie presque sept jours avant la rencontre et autant après. Quelques subreptices mouvements ont commencé à avoir lieu à partir de la matinée d'hier mais cette ostentation est bien loin de ce qui faisait la différence à la veille de derbys plus appétissants, exhortant au déplacement au stade. S'il importait peu que le football soit au rendez-vous, la rencontre CSC-MOC ou inversement a toujours valu par ce qui se déroulait dans les gradins et les tribunes, et comme nous l'évoquions précédemment par les rituels qui la précédaient, aujourd'hui la question se pose autrement. Le CSC n'est plus que l'ombre de lui-même, un effectif composé de joueurs sur le déclin et toutefois très capricieux, peu enclins à s'acquitter de leurs devoirs et les premiers à harceler la direction pour leurs droits (ce qui est sans doute légitime) et qui, finalement, posent le problème autrement. C'est-à-dire à quoi cela sert-il de parler de derby, de challenge, de victoire ou de défaite quand un club ne remplit pas les conditions essentielles. Chez les Mouloudéens, c'est du pareil au même. La direction se flatte d'avoir fait un bon recrutement. Preuve en est qu'elle s'est rapidement débarrassée de son premier coach pour le remplacer par un éternel revenant, en l'occurrence Tebib, au seul motif qu'il est «le seul capable de gagner le derby», a déclaré récemment le président de la section football à l'un de nos confrères. Ainsi, malgré son fringant recrutement, il ne trouve pas ses repères et aborde ce rendez-vous dans l'espoir qu'une victoire le remettrait en orbite. C'est d'ailleurs ce que nous dira au téléphone ce responsable : «Incontestablement, l'accession passe par la victoire lors du derby. Sur le plan psychologique, tout peut être remis en cause pour nous ou pour l'adversaire à partir du résultat.» Pour en revenir au CSC, M. Ounis, son président, qui affrontait une grave démission de l'ensemble des joueurs pour cause de non-paiement des indemnités est arrivé à ramasser un peu d'argent pour les faire revenir à de meilleurs sentiments. Néanmoins, en payant près de 400 millions de centimes à deux joueurs seulement et en en versant une vingtaine à d'autres, il a réinstallé une grogne qui risque de lui revenir à la face comme un boomerang. Mais… le derby constantinois reste malgré tout, et ce, quels que soient les dégâts collatéraux causés par la mauvaise gestion des staffs successifs, une rencontre où l'enjeu conduit tous les acteurs à se transcender.