Le nouveau ministre commence son mandat par une grève: celle du Cnes. Le Dr Rachid Harraoubia est nommé ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, il remplace M.Sakhri qui lui lègue un héritage bigarré de contestation sociale. Au lendemain de sa désignation à la tête de l'université algérienne, le nouveau ministre commence son mandat par une grève: celle du Cnes (Conseil national des enseignants du supérieur) qui a appelé à un débrayage dès le 11 mai dernier. Bien que le mouvement de ce syndicat ait été suivi de façon disparate au sein des campus, il faut dire que l'action de boycott, qui sévit encore, risque de faire mal. Rappelons que la stratégie du Cnes s'articule autour du gel des examens. En boycottant les examens, c'est la machine de gestion des flux qui est bloquée. En clair, deux questions restent posées pour M.Harraoubia: comment compte-t-il s'y prendre pour juguler les incidences néfastes qui se dessinent pour la prochaine rentrée universitaire? Les nouveaux bacheliers pourront-ils trouver des places pédagogiques dans certaines universités, principalement celles du Centre? En somme, le nouveau tuteur des travailleurs de la chaire hérite d'un dossier brûlant, à Bab-Ezzouar par exemple où les braises d'un conflit sont encore incandescentes. En effet à l'Usthb (Université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene) deux examens seulement, sur une dizaine de modules, sont faits. Le spectre de l'année blanche se fait de plus en plus sentir. Il y a donc péril en la demeure. Les choses doivent être réglées. Car, contrairement à M.Nouredine Salah, qui remplace M.Benbouzid à la tête de l'Education nationale où les foyers de tension ne sont pas moindres et qui jouit, tout de même, d'une marge de manoeuvre assez confortable, vu que l'année scolaire s'est tant bien que mal achevée avec le déroulement des examens traditionnels des Bac et Bef, le Dr Rachid Harraoubia, lui, doit faire face à l'épineuse situation imposée par le syndicat autonome Cnes qui revendique sa reconnaissance, depuis plus d'une décennie. Ce qui est sûr c'est qu'en désignant ces deux hommes à la direction de ces secteurs stratégiques qui ne peuvent souffrir aucune improvisation, le Président de la République a agi par souci d'efficacité. Ainsi, aussi bien M. Nouredine Salah à qui est alloué le portefeuille de l'éducation que le Dr Rachid Harraoubia qui a en main celui de l'Enseignement supérieur, connaissent leur affaire. Ils maîtrisent leurs dossiers en dépit de l'apparence abrupte des chantiers qu'ils ont en charge. Le premier pour avoir été rapporteur à la commission Benzaghou (réforme de l'école) et le second pour être lui-même universitaire. Ce dernier ayant même été pressenti au poste qu'il occupe actuellement. Il a particulièrement été témoin des phases difficiles qu'a connues l'université algérienne, entre autres, la période 1996-1997 où le pouvoir d'achat des enseignants du supérieur a connu une baisse catastrophique. Un large mouvement de protestation et de colère s'est alors soldé par une grève de trois mois. Statut, salaire, logement et retraite étaient et restent encore des revendications justes et légitimes auxquelles l'Etat a toujours promis de répondre favorablement. Quoi qu'il en soit, des changements substantiels en matière d'enseignement seraient d'ores et déjà programmées pour la prochaine rentrée. Ce qui dénote la vocation «d'action» de ce tandem aux commandes de l'enseignement.