La seconde partie de la soirée était doucereusement signée par la voix de la Tunisienne Sonia M'Barek. Elle a puisé dans le répertoire de son pays pour offrir au public un spectacle de grandes qualités vocale et instrumentale fidèlement transmis. Et par là, on comprendrait pourquoi l'artiste demeure assez convoitée à l'échelle planétaire dans différentes manifestations culturelles, et caritatives dès lors que la diva défend les droits de l'Homme.C'est assurément son côté humain qui agrémente ses interprétations et leur donne de la sensation supplémentaire. Sa voix travaillée à la perfection et des rythmes orientaux viennent apostropher sa maestria. «Quoique je n'aie pas une connaissance approfondie de la musique constantinoise, les supports artistiques du répertoire qui m'ont été offerts par les associations locales m'ont permis déjà de découvrir la richesse et la variété de ce genre. Je pense que j'en deviendrai spécialiste…» devait révéler sur un ton ironique la chanteuse dans sa loge après le spectacle. En fait, Sonia M'Barek a montré une facette multiple du malouf. Après avoir interprété zidane, le mawal tunisien qui est l'équivalent du «mezmoum» constantinois, des waslattes, la chanteuse exhumera la valse constantinoise Bellah ya Hamami précédée de nouba khadra tunisienne. «J'ai essayé…» devait-elle lancer humblement aux mélomanes. De surcroît, fidèle au terroir, elle interprétera le standard tunisien Zahr el leymoune de Triki et Mohamed Oudina. Cette chanson demeure la plus importante du XXe siècle, estimera-t- elle. Pour rester dans l'authenticité, l'artiste insistera sur la préservation de l'identité culturelle et artistique : «L'artiste maghrébin en particulier devrait transmettre fidèlement sa musique sans trop user de tons et de dialectes qui ne sont pas les siens.» Toutefois, Sonia soutiendra mordicus que les fusions musicales s'imposent à plus d'un titre pour permettre au répertoire de franchir divers horizons et ce, «pour peu que la structure de base ne soit pas affectée. Les fusions sont cependant assurées par des spécialistes dont le don et l'habileté détiennent une place importante», en d'autres termes, «éviter les métissages bouillants». L'artiste suggère en préambule une fusion des maloufs tunisien et constantinois. «Cela ouvrirait des brèches pour entrevoir d'autres expériences avec les pays maghrébins et aussi de l'Orient.» Pour cela, il faut archiver et mettre des transcriptions à la disposition des jeunes talents pour suivre sans faute ce riche patrimoine musical.