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Brocante et vieux livres à l'agonie
Annaba
Publié dans La Tribune le 08 - 10 - 2009


Photo : S. Zoheïr
De notre correspondant à Annaba
Mohamed Rahmani
Brocanteurs, marchands de vieux livres ou encore d'ustensiles traditionnels anciens, des métiers qui tendent à disparaître pour laisser place à une nouvelle race de vendeurs du «made in China» qui est venu sur tout. La décoration traditionnelle d'intérieur a disparu, les couples modernes s'intéressant beaucoup plus aux objets chinois, vases, chandeliers, bibelots, veilleuses et abat-jours ont supplanté le bon vieux cuivre qui ornait jadis les bibliothèques et les garde-robes des maisons familiales. La bassine à poignées avec son couvercle aux arabesques creusées dans le métal, le vase que des doigts d'artisan ont façonné avec amour et l'incontournable mortier avec son pilon qui vient clore la petite collection, ne sont plus aujourd'hui de notre temps et sonnent comme un anachronisme. «Ce sont des vieilleries qui ont fait leur temps et qui ne servent plus à rien, il vaut mieux les mettre dans la remise ou dans un débarras.» C'est ce que pensent la plupart des jeunes qui par ignorance ou négligence n'ont aucun respect pour ces produits qui, pourtant, sont l'expression d'une civilisation, d'un «way of life», d'une signature culturelle, fruit d'une longue expérience et d'un savoir-faire. Aujourd'hui, à Annaba, il ne subsiste que quelques
irréductibles qui continuent à s'accrocher à une culture emportée par une modernité où le gadget électronique, l'Internet et la télévision ont tout conquis.
Juste derrière le cours de la Révolution, à la rue du CNRA, il ne reste que 2 petites librairies spécialisées, entre autres, dans la vente de vieux livres, on y trouve d'anciennes éditions de romans ou d'œuvres littéraires ; il y a là du Victor Hugo, du Jules Verne, du Maupassant ou encore du Chawki (Ahmed, le prince des poètes, cela s'entend), El Manfalouti, Hafed Amine ou Taha Hussein mais aussi de la bande dessinée. Ce sont généralement, les vieux qui y viennent, ils retrouvent là parmi les pages jaunies et encornées leur enfance et leurs lectures d'antan, ils y prennent plaisir et se remémorent ces lectures faites le soir à la lueur dansante d'une bougie par une nuit d'hiver. Ils découvrent et redécouvrent les aventures de tels ou tels personnages et revivent ces moments perdus à jamais dans les arcanes du temps qui aujourd'hui, n'est plus le même pour eux. «Ce sont mes seuls clients, ils restent des heures à fureter, à chercher un vieux livre qu'ils ont déjà lu, ils ne s'en lassent pas et finissent toujours par trouver, nous confie le vieux libraire, j'en suis heureux et ce n'est pas tellement pour l'argent c'est surtout que ça me fait plaisir de voir leurs yeux briller à nouveau et leur visage s'éclairer, et je me dis qu'il ya encore des gens qui continuent à lire. Parce que de nos jours, je vous le dis, les gens ne lisent plus, ils n'ont plus le temps ou ne sont plus intéressés, ils sont toujours pressés et veulent aller droit à ce qu'ils pensent être utile et pratique, passant souvent à côté de l'essentiel et l'essentiel, moi je vous le dis, il est là dans ces vieux livres.» Sur le petit comptoir, un vieux feuillette un livre passant de page en page à la recherche d'un passage «C'est Gustave Flaubert, Madame Bovary, je cherche le passage consacré à la description de la servante où ce grand écrivain conclut la description avec ce magistral : “Ainsi se tenait devant ces
bourgeois épanouis, un demi-siècle de servitude”. Je me rappelle bien ce passage et je voudrais tant le relire dans ces pages», nous déclare-t-il plein d'émotion. La brocante comme on dit, «elle est du côté du quartier Mersis», vieux meubles de toutes sortes, banquettes, armoires à glace, commodes, rocking-chairs et autres ustensiles de cuivre, une vraie caverne d'Ali Baba où les inconditionnels du traditionnel trouvent leur bonheur. «C'est le seul endroit à Annaba où on trouve ce type d'articles, nous dit un des marchands qui a pignon sur rue, on achète et on vend tout ce qui a trait au traditionnel ou à l'artisanal. Notre clientèle se compte parmi les familles qui tiennent encore à la tradition et heureusement qu'il en reste, sinon on aurait fermé. Dommage qu'on ne fabrique plus de nos jours des meubles à l'ancienne, il faut dire que cette prétendue modernité a tout détruit.» Dans ces lieux, on trouve
beaucoup de vieilles femmes, elles viennent pour chercher quelque ustensile qui leur manque, une grosse couscoussière en cuivre, «un “mahbès” ou un “mahrès” qui fait qu'une maison est une maison, nous lance l'une d'entre elles, parce qu'une maison sans mahrès [pilon et mortier] n'en est pas une chez nous, la tradition le veut et nous sommes la tradition.» Mais comme nous l'avons dit, aujourd'hui tout cela tend à disparaître et d'ici quelques années on ne trouvera plus ces «pièces» que dans les musées. Un patrimoine culturel témoin de générations entières se meurt ; nous le regretterons. Sûrement.


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