Photo : Riad Par Samira Imadalou Une fois la licence, le diplôme d'études supérieures (DES) ou l'ingéniorat d'Etat obtenus, les étudiants algériens, particulièrement ceux qui sont intéressés par le monde de la recherche universitaire, s'inscrivent pour les concours de post-graduation. L'objectif est d'arracher dans un premier temps le magistère avant de pousser les études plus loin pour un doctorat d'Etat. Si, pour certains, le rêve se concrétise après des années laborieuses de travail, pour d'autres, le parcours est parsemé d'entraves. Après la sélection des étudiants à inscrire en post-graduation à l'issue d'un concours où souvent le passe-droit l'emporte sur les critères les plus importants (à l'exception des majors de promotion qui sont parfois admis d'office), les études commencent. Mais, souvent, les conditions sont difficiles particulièrement sur le plan financier. Parfois, le magistère est obtenu au bout de nombreuses années. Pour des raisons d'ordre financier, les étudiants, après l'année théorique, passent beaucoup plus de temps dans la pratique pour la préparation du mémoire, lequel est loin d'être achevé dans les normes. Car, nombreux sont les étudiants à opter pour un travail une fois leur diplôme décroché en abandonnant pour quelque temps le monde universitaire et celui de la recherche de manière globale. En effet, les conditions sociales ne facilitent guère la préparation normale du diplôme. A un certain âge, on ne peut plus compter sur la prise en charge parentale. En dehors des besoins quotidiens (transport, alimentation…), les dépenses de cette catégorie d'étudiants augmentent notamment pour l'achat des livres et autres documents nécessaires pour les études. Il y a aussi les frais d'accès à Internet. En essayant d'allier études et travail, les étudiants se retrouvent dans un engrenage duquel il est difficile d'en sortir, surtout quand on est issu d'une famille modeste qu'il faut aider matériellement ne serait-ce qu'en reconnaissance aux sacrifices consentis par les parents durant de longues années. Pourquoi cette situation ? Tout simplement parce que les bourses universitaires octroyées jusque-là sont loin d'être à la hauteur des attentes des étudiants. Une moyenne de 6 000 DA par trimestre, soit 2 000 DA/ mois, donc 60 DA/jour et de surcroît avec plusieurs mois de retard, c'est insignifiant par rapport aux besoins de l'étudiant. Ce qui affecte même son niveau. «Quand on n'a pas les moyens de s'acheter un bouquin, comment peut-on améliorer nos connaissances ?» s'interrogent souvent les étudiants, lesquels finissent parfois par abandonner carrément le rêve en contrepartie d'un emploi surtout s'il est bien rémunéré. C'est le cas d'une jeune fille, appelons-là Lynda, à laquelle on prédisait un avenir d'enseignante universitaire en langues étrangères, qui a, au bout de l'année théorique décrochée pourtant brillamment, opté pour un emploi au sein d'une entreprise étrangère. Le salaire alléchant proposé a fini par lui faire oublier son rêve même si l'envie d'aller jusqu'au bout est toujours là ne serait-ce que pour la mémoire du papa. «Je reprendrai plus tard», se promet-elle. Cet exemple et bien d'autres illustrent clairement les difficultés financières dans lesquelles se débattent les futures élites de la nation. La décision présidentielle d'augmenter la bourse de 50% à partir de cette rentrée universitaire et l'octroi d'une bourse mensuelle de 12 000 DA pour soutenir les étudiants en doctorat sans ressources réussiront-ils à atténuer un tant soit peu les difficultés pécuniaires des étudiants ? C'est un premier pas… en attendant d'autres.