Photo : Riad Par Abderrahmane Semmar Poursuivre ses études supérieures et obtenir un magistère ou un doctorat, c'est le rêve que caressent des milliers de nos étudiants. Cependant, objet de toutes les protestations, la post-graduation se retrouve comme à chaque rentrée universitaire au centre de vives polémiques. Cette année encore, les inscriptions aux différents concours de magistère se sont achevées dans un climat très tendu. Dans plusieurs instituts et facultés, une ambiance d'anarchie et de protestation a régné sur les lieux. D'interminables files d'attente ont été même enregistrées dans certains centres universitaires. En réalité, déposer son dossier de candidature pour un concours de magistère n'est guère une promenade de santé pour nos étudiants. Force est de constater que peu de places sont disponibles en post-graduation. Selon des sources universitaires, ils sont près de 500 mille étudiants qui se disputent à peine 7 013 places pédagogiques ! Cette rareté des places pédagogiques encourage malheureusement les fraudes et les malversations auxquelles se livrent certains responsables corrompus de l'administration universitaire. Ces derniers n'hésitent plus à truquer les résultats des concours de magistère pour contenter leurs connaissances et privilégier leurs parents. «C'est un secret de Polichinelle, confie Sofiane, étudiant en 2ème année de magistère au département de sociologie de la faculté de Bouzaréah. Avoir une place en post- graduation nécessite des connaissances et de l'influence. Croyez-moi, j'ai eu beaucoup de chance pour réussir au concours. Et lorsque les résultats ont été affichés, j'ai vu des noms d'étudiants qui n'ont jamais brillé durant leur licence. Ils ont fait activer leur réseau de connaissances ou avancer des sommes d'argent pour obtenir le soutien des enseignants correcteurs». «Il y a un trafic monstre concernant la post-graduation. Une fois, un doyen m'a même révélé en aparté que des personnes bien placées n'hésitent pas à proposer des sommes d'argent en contrepartie d'un diplôme pour leurs enfants ou pour eux-mêmes. N'est-ce pas là terrible», explique Hakim, un maître assistant à l'université de Blida, selon lequel il est urgent de briser le silence et de dénoncer les multiples irrégularités qui entachent les concours de post-graduation. «Pour nous, les étudiants, le magistère est devenu un luxe, voire un privilège», réagit Hicham, étudiant en biologie à l'université de Blida. «Moi je m'inquiète réellement pour mon cursus. L'année dernière, seuls les enseignants vacataires ont obtenu de bonnes notes lors du concours de magistère. Ils ont raflé toutes les places pédagogiques. L'année d'avant, ce sont des enseignants venus d'autres centres universitaires qui ont remporté également le concours. Des majors de promos qui ont soutenu leur mémoire de fin d'études avec 18 de moyenne et une mention très bien ont été disqualifiés. C'est anormal et tout porte à croire que la liste des lauréats est fixée bien avant les concours», s'indigne notre jeune interlocuteur. Cette indignation est largement partagée par la majorité des étudiants. D'ailleurs, des mouvements de colère fréquents éclatent régulièrement dans les campus pour contester les résultats des concours. Ces étudiants exigent une moralisation de l'université et une transparence dans l'attribution des places pédagogiques pour le magistère et le doctorat. Est-ce trop demander ?