Synthèse de Rabah Iguer Le prix Nobel de la paix a été décerné hier au président américain Barack Obama, qui a reçu avec «surprise» et «humilité» la prestigieuse récompense, moins de neuf mois après sa prise de fonctions. «Ce n'est pas comme cela que je m'attendais à me réveiller ce matin», a déclaré M. Obama, disant avoir réagi à la nouvelle «avec surprise et une profonde humilité». Lors de sa première apparition publique, l'homme le plus puissant de la planète a confié ne pas avoir l'impression de mériter le Nobel par rapport aux lauréats antérieurs mais qu'il l'accepterait «comme un appel à l'action». Le prix lui a été attribué «pour ses efforts extraordinaires en vue de renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples», selon le comité Nobel norvégien. Malgré ses lauriers, le premier président noir américain reste confronté à deux conflits ouverts : en Irak mais surtout en Afghanistan, où il est à la recherche d'une nouvelle stratégie et où la situation se dégrade au point que certains évoquent un nouveau bourbier comparable au Vietnam. En Afghanistan, le président Hamid Karzai a estimé que le comité Nobel avait distingué la «bonne personne» tandis que les talibans dénonçaient ce choix. Le comité Nobel dit avoir attaché «une importance particulière» à la position de M. Obama en matière de dénucléarisation militaire. Rompant avec la politique de son prédécesseur George W. Bush, M. Obama, 48 ans, a également tenté de jeter des ponts entre son pays et le monde musulman après des années de tensions liées aux attentats du 11 septembre et à la «guerre contre le terrorisme». Egalement à son crédit, M. Obama a entrepris de fermer la très controversée prison de Guantanamo, même si la date limite de janvier 2010 ne semble pas devoir être tenue. Mais tout n'est pas rose. S'il a pu commencer à désengager les troupes américaines d'Irak, Barack Obama reste empêtré sur le front afghan. «Ce n'est pas de la responsabilité du seul Barack Obama. Mais on espère que cette amélioration du climat international [dont il est crédité] pourra aider à résoudre le conflit», a déclaré M. Jagland. Les tentatives de conciliation de M. Obama au Proche-Orient, dont il a fait une priorité, semblent aussi dans l'impasse. Tout en le félicitant pour son Nobel, le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a souhaité l'avènement d'un Etat palestinien au cours de la présidence Obama. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a dit, quant à lui, espérer «faire avancer la paix». M. Obama est le troisième haut responsable démocrate américain à recevoir le Nobel en sept ans après Jimmy Carter (2002) et Al Gore (2007), et le troisième président américain en exercice après Theodore Roosevelt (1906) et Woodrow Wilson (1919).