Les 105 travailleurs de l'entreprise TransmetBois, entreprise spécialisée dans la fabrication du mobilier scolaire située à l'entrée est d'Annaba, sont en grève depuis bientôt une semaine et ils comptent poursuivre leur mouvement jusqu'à la satisfaction de leurs revendications. Ils exigent le paiement de leurs arriérés de salaire qu'ils n'ont pas perçus depuis le mois de juin 2009 ainsi que le départ du directeur par intérim. A l'entrée de l'entreprise située sur la nationale 16, un grand écriteau informe les passants et les automobilistes qui empruntent cette voie sur leurs doléances : «Nous demandons aux autorités d'intervenir ; les travailleurs n'ont pas été payés depuis 4 mois ; nous demandons le départ du directeur.» Pour le syndicat que nous avons contacté, cette grève n'est pas légale, les travailleurs n'ayant pas respecté la procédure qui prévoit en premier lieu l'intervention de l'inspection de travail, un P-V de non-conciliation, puis le préavis de grève avant d'entamer le mouvement. «Nous avons expliqué aux travailleurs ces dispositions prévues par la loi, nous déclare le secrétaire général du syndicat de l'entreprise [UGTA], mais ils n'ont voulu rien savoir. Ils veulent être payés et, en plus, ils exigent le départ du directeur.» Selon le syndicaliste, la situation a pris une autre tournure dans les revendications suite aux insultes et aux menaces proférées par le directeur à l'adresse des travailleurs quand il leur a demandé d'enlever l'écriteau exposé à l'extérieur. La vingtaine de travailleurs que nous avons rencontrés lors de notre déplacement ont confirmé les faits et, apparemment, ils sont déterminés dans leur action. Sur la base des informations recueillies sur place, nous avons pu savoir que l'entreprise a un plan de charge important qui pourrait facilement la faire sortir de cette crise mais, faute de trésorerie suffisante pour acheter la matière première, elle ne peut honorer les commandes des dizaines de communes et des directions de l'éducation de l'Est algérien. TransmetBois détient des créances de l'ordre de 140 millions de DA auprès de plusieurs APC et rien que pour la direction de l'éducation de la wilaya de Sétif le montant s'élève à 4 milliards de centimes. Des créances qui n'ont jamais été recouvrées ; le dossier confié à un avocat traîne depuis une année et aucune affaire présentée devant le tribunal n'a abouti. Pendant ce temps, l'entreprise s'enfonce dans les dettes auprès du fisc, de la Sonelgaz, d'Algérie Télécom ou encore de l'Algérienne des eaux. Le directeur que nous avons voulu contacter n'était pas à son poste ce jour-là et nous n'avons pu avoir sa version sur les accusations des travailleurs concernant les insultes qu'il leur aurait adressées.