Des débrayages annoncés en cascade torpillent de nouveau la paix sociale et démontrent la précarité des résultats de la tripartite. Ça grogne partout. ArcelorMittal, Snvi, la santé, l'éducation sont frappés par des mouvements de grève. Ces débrayages annoncés en cascade torpillent de nouveau la paix sociale. Rien ne va pour le mieux. Les stigmates du malaise social se multiplient au fil des jours. Le complexe sidérurgique ArcelorMittal a rejoint depuis hier, le camp des protestataires en décrétant une grève illimitée. Ils sont quelque 7000 travailleurs à avoir boudé l'entrée du complexe d'El Hadjar de Annaba pour dénoncer la décision de la direction. Celle-ci porte sur la fermeture de la cokerie qui emploie plus de 300 personnes. Irrités par l'attitude de la direction, les travailleurs ont décidé de passer à la protesta. Pour eux il n'est pas question de mettre dehors leurs camarades. Le groupe Sider, partenaire étatique à hauteur de 30% du capital de l'entreprise, se met du côté des travailleurs et admet leurs revendications. Les employés du complexe exigent la satisfaction de leurs revendications et, en premier lieu, la réhabilitation de la cokerie, mise en veilleuse depuis le mois d'octobre 2009 à la suite d'une explosion. Le syndicat des travailleurs a même interpellé le gouvernement pour trouver une solution. La direction de l'entreprise a tenté d'apaiser les esprits. En vain. Au niveau de la Snvi de Rouiba, la situation se complique. Les 5000 travailleurs entament le huitième jour de protestation. L'intervention de la Centrale syndicale n'a pas apaisé les esprits surchauffés en dépit du déplacement sur les lieux du secrétaire général de l'Ugta, Sidi Saïd. Pis. Le mouvement de protestation initié par la Snvi a été suivi par les travailleurs des autres entreprises situées dans la zone industrielle de Rouiba. Les travailleurs de la Snvi de Constantine sont en arrêt de travail depuis hier. Concernés par les mêmes problèmes, la section de Constantine se solidarise avec celle de Rouïba. Avant-hier, 1000 employés de l'entreprise Anabib, spécialisée dans la transformation de l'acier et la fabrication des tubes, ont manifesté leur soutien aux travailleurs de la Snvi. Le secteur de l'industrie n'est pas seul à protester. La santé vit également un malaise. La grève des praticiens spécialistes de la santé, entamée depuis deux semaines, paralyse les hôpitaux. Les revendications sont pratiquement similaires. Le pouvoir d'achat, les conditions de travail indécentes, la revalorisation des salaires sont les principaux facteurs à l'origine de cette vague de protestation. L'augmentation du Snmg, qui passera de 12.000 à 15.000 dinars au début du mois en cours, n'a fait qu'exacerber ce mécontentement. Devant la flambée vertigineuse des produits de consommation, le mouvement risque de s'étendre à d'autres secteurs. L'éducation est sur un volcan qui risque d'exploser à tout moment. Les enseignants menacent de reprendre le mot d'ordre dans le cas où le régime indemnitaire adopté ne répondrait pas à leurs attentes. La démoralisation n'a pas épargné les patrons d'entreprises, qui ne sont pas satisfaits du climat des affaires. La relance économique reste stationnaire, selon une enquête réalisée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Selon cette enquête, l'indice de confiance est resté négatif et inchangé pour le deuxième mois consécutif. Le FCE considère que «les décisions de la dernière tripartite tenue en décembre 2009 ne semblent pas avoir eu une influence sur les chefs d'entreprise quant aux perspectives de relance de l'activité». 47% des chefs d'entreprise interrogés estiment que le climat des affaires économiques est resté stable et 42% disent qu'il s'est détérioré, 11% sont optimistes. Le foot est un autre élément de taille qui risque d'être un détonateur de la crise. Ce sport qui dope l'esprit de milliers d'Algériens est l'arbre qui cache la forêt. Ce climat de tension inquiète certainement le gouvernement.