La Société algérienne de médecine du travail (SAMT) a recommandé hier le renforcement de la formation continue des médecins généralistes exerçant dans des entreprises et des établissements hospitaliers, eu égard à l'importance de la prévention des risques professionnels. Dans sa formulation de cette recommandation lors d'une rencontre organisée au CHU de Tizi Ouzou sur la santé au travail, le Pr Nezzal Abdelmalek, président de la SAMT, a souligné le caractère «obligatoire» devant être conféré à ce type de formation qu'il a qualifiée de «meilleur investissement, à moyen terme, dans la ressource humaine». Considérant l'intérêt de cette question dans l'entretien de la force du travail, ce spécialiste a estimé «impératif de cesser d'affecter des médecins généralistes à la médecine du travail», en rappelant que l'exercice de cette branche de la médecine requiert 4 années de formation supplémentaire après le diplôme de médecin généraliste. Pour les médecins généralistes pratiquant actuellement la médecine du travail, le président de la SAMT à plaidé en faveur d'un «maintien en poste, assorti d'un recyclage aux frais de l'employeur, pour l'obtention d'un diplôme équivalent, reconnu par une commission interministérielle, composée de représentants des ministères de la Santé, du Travail et de l'Enseignement supérieur». S'exprimant sur la prévention des risques en milieux professionnels, le Pr Nezzal a fait remarquer qu'«en dépit d'un arsenal juridique très étoffé, la surveillance et le dépistage des maladies professionnelles restent insuffisants, au regard des facteurs de risques présents sur les lieux de travail». Dans ce contexte, il a fait part d'un «déficit» de programmes nationaux de santé du travail, dont l'élaboration est imposée, selon lui, par «l'ampleur prise ces dernières années par certaines maladies professionnelles, dont l'apparition est aggravée justement par l'insuffisance de prévention, un maître mot qu'on ne répétera jamais assez». Il a fait cas de certaines maladies telles que la surdité liée au bruit, et les pathologies respiratoires générées principalement par l'inhalation de poussières de diverses origines, lesquelles détruisent les bronches respiratoires et occasionnent des déficiences cardiaques. Le professeur citera aussi les produits chimiques comme étant un facteur de risques à l'origine de maladies de la peau (dermatoses), qu'il a jugée «assez répandues, fréquentes et handicapantes», d'autant plus, a-t-il observé, que la «plupart des entreprises ne disposent pas de moyens de protection individuelle adaptés.» Ce problème est ressenti d'une manière plus aiguë au niveau des PME et des exploitations familiales. Evoquant l'application de la législation régissant la médecine du travail, le président de la Société algérienne de la médecine du travail a déploré le fait que «seules 10% des conventions signées par des employeurs sont respectées à la lettre, en termes de surveillance médicale sur les lieux de travail». Selon lui, «90% de ces conventions sont considérées par leurs initiateurs comme un simple alibi, voire une échappatoire à l'investissement requis par la santé au travail». D'où la nécessité, a-t-il conclu, de «promulguer une loi obligeant les services de contrôle de l'application de la législation de la médecine du travail, tâche dévolue aux inspecteurs du travail, à vérifier les registres réglementaires de la médecine du travail, de l'hygiène et de la sécurité en milieux professionnels».